
Les États-Unis sont ce qu’ils sont, Joe Biden est ce qu’il est, mais quel symbole puissant et ravageur pour nos bateleurs de foirail hexagonaux, faux lettrés autocentrés et vrais analphabètes du cœur, que ce candidat qu’on disait gâteux s’effaçant, le jour de son intronisation, devant une poétesse noire de 22 ans investissant l’investiture : Amanda Gorman ! Nous traduisons son chant.
Quand vient le jour, nous nous demandons : où trouver la lumière dans ces ténèbres interminables ?
La perte comme fardeau, une mer à franchir.
Nous avons défié le ventre de la bête.
Nous avons appris que le calme n’est pas toujours la paix,
Que les définitions et notions de ce qui est juste ne sont pas toujours la justice.
Et pourtant, l’aube est nôtre, elle l’était avant que nous ne le sachions.
En quelque sorte nous l’accouchons.
En quelque sorte nous avons fait mûrir et veillé une nation non pas brisée,
Mais simplement inachevée.
Nous, les héritiers d’un pays et d’une époque où une jeune fille noire fluette, descendante d’esclaves et élevée par une mère célibataire peut rêver de devenir présidente, du seul fait de se retrouver à déclamer pour un président.
Alors, oui, nous sommes loin de l’union impeccable, loin de l’union pure,
mais qui dit que nous nous évertuons à former une union parfaite ?
Nous nous évertuons à forger une union qui ait un but,
À façonner un pays accueillant aux hommes de toutes cultures, de toutes couleurs de peau, de tous tempéraments et de toutes conditions.
Et nous élevons nos regards non pas vers ce qui se dresse entre nous mais vers ce qui se dresse face à nous.
Nous mettons fin à la division car nous savons que, pour que notre avenir passe avant tout, il faut qu’avant tout nous mettions nos différences de côté.
Nous mettons bas les armes pour nous prendre dans les bras.
Nous ne cherchons à nuire à personne et désirons l’harmonie pour tous.
(...)
C’est parce qu’être américain est davantage qu’une fierté dont on hérite.
C’est le passé sous nos pieds et la manière dont nous le réparons.
Nous avons vu une force qui voulait fracasser notre nation au lieu de la partager,
Qui voulait détruire notre pays si cela signifiait entraver la démocratie.
Et ce coup de force a bien failli réussir.
(...)
Voici venue l’ère d’une juste rédemption.
Nous avions peur à ses prémices.
Nous ne nous sentions pas prêts à être les héritiers d’une heure aussi terrible.
Mais en elle nous trouvons le pouvoir d’écrire un nouveau chapitre, de nous faire cadeau de l’espoir et des rires.
Voilà pourquoi, si naguère nous demandions : « Comment pourrions-nous l’emporter sur la catastrophe ? », désormais nous disons : « Comment la catastrophe pourrait-elle l’emporter sur nous ? »
Nous ne marcherons pas vers ce qui fut mais nous ferons mouvement vers ce qui doit être
(...)
Mais soyons certains d’une chose :
Si nous allions la générosité à la force, et la force au droit, alors l’amour devient notre héritage et change les droits de nos enfants à leur naissance.
Aussi, laissons après nous un pays meilleur que celui qui nous a été laissé.
(...)