
La cour d’appel d’Orléans a alourdi lundi la peine infligée à Farida Belghoul, fondatrice du mouvement « Journée de retrait de l’école » (JRE) opposée à la « théorie du genre », qui avait diffusé en mars 2014 sur YouTube un document mettant en cause une institutrice de classe maternelle à Joué-les-Tours.
Fin mars 2014, sur fond de polémique autour du mariage homosexuel et du programme scolaire expérimental’’ ABCD’’ sur l’égalité entre hommes et femmes, une mère d’un petit garçon de trois ans avait rapporté des propos de son enfant selon lequel sa maîtresse l’avait déculotté, ainsi qu’une petite fille de la classe, afin qu’ils échangent des caresses sexuelles. La correspondante locale de ’’Journée de retrait de l’école’’ s’était empressée de joindre Farida Belghoul. Une vidéo, mise le soir même sur YouTube, accusait l’institutrice de faire l’apologie de la théorie du genre. Celle-ci avait porté plainte avec constitution de partie civile pour diffamation envers un fonctionnaire public.
Les mises en cause de la soi-disante ’’théorie du genre’’ n’ont pas cessé pour autant, avec des argumentaires des plus contestables (même s’ils n’appartiennent pas au registre précédent). (...)
En réalité, la dite « théorie du genre » a été peaufinée et popularisée à partir du Vatican (cf. la référence à la Congrégation pour la doctrine de la foi, dès 2004) et elle a une présence forte (accusatrice) au cœur-même de certaines institutions ecclésiastiques (et non pas seulement dans l’expression de courants intégristes).
Si l’on veut être au clair sur cette question, il convient à la fois de prendre pleinement conscience des oppositions (qui ne relèvent pas seulement de courants plus ou moins marginaux) et être au clair avec les enjeux (portés notamment par l’Education nationale) : plus d’égalité et de liberté.
Il ne faudrait pas en effet que des appréhensions infondées ( l’enseignement d’une soi-disant ’’théorie du genre’’) masquent et affectent les options nouvelles prises afin de tenter d’en finir avec le semi-échec des campagnes entreprises dans le passé contre les ’’stéréotypes’’ sexistes, pour l’égalité filles-garçons. (...)
Si l’on veut rompre avec des logiques antérieures qui ont montré leurs limites, il convient donc d’aller dans le sens d’un changement de paradigme qui concerne - en même temps et d’un même mouvement - les fillesetles garçons, notamment dans le domaine fondamental de la lutte contre les stéréotypes, en la menant par ailleurs de façon résolue beaucoup plus tôt (dès le primaire) et plus loin, par-delà les turbulences actuelles.