
Avec 180 habitants, le petit village de Tordères dans les Pyrénées Orientales s’est fait connaître pour son fonctionnement municipal inhabituel : le pouvoir y est aux villageois, et la démocratie, participative. Une expérience d’auto-gestion discrète mais bien rodée. Interview de la mairesse porte-voix, Maya Lesné.
Tordères est connu pour sa démocratie participative. Comment le projet et l’équipe municipale se sont-ils constitués ?
Aux dernières élections, le maire sortant en avait ras la casquette, et le précédent (qui était resté 14 ans à la mairie), plutôt procédurier et bétonneur, voulait y retourner. On a alors organisé une grande réunion publique, ouverte à tous, même aux enfants et aux ados. On n’a pas réfléchi à qui était de droite, qui était de gauche, même s’il faut bien avouer que la majorité du village vote à gauche. Nous voulions d’abord décider ensemble de ce que nous souhaitions défendre et ensuite déterminer qui serait candidat, disposé à défendre le bien commun et pas ses propres intérêts.
Très vite, des idées essentielles se sont imposées, quant à la constitution de la liste et au fonctionnement de l’équipe municipale :
– 1. Que la population soit toujours impliquée dans les décisions du conseil municipal.
– 2. Que la liste ne soit pas exclusivement composée de notables ni de retraités (qui ont souvent soit le temps, soit l’argent – voire les deux), mais de « gens normaux » : hommes et femmes à parts égales, de tous âges, sans exclure les chômeurs, les précaires ni les personnes arrivant de l’étranger. (...)