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Trois collégiens et lycéens placés en centre de rétention : Manuel est parti, la circulaire Valls reste
Article mis en ligne le 10 avril 2014

Ils se préparaient pour l’école mais c’est la police qui est venue les chercher. Trois enfants et adolescents de 13, 16 et 17 ans ont été arrêtés, avec leur mère, le 9 avril à Saint-Etienne puis transférés au centre de rétention de Lyon pour être expulsés vers l’Albanie. Tous les enseignants ont immédiatement cessé leurs cours du collège Jean Dasté. Alors que Bernard Cazeneuve vient d’arriver à l’Intérieur, une vingtaine d’associations et de syndicats demandent le retrait de la circulaire Valls du 11 mars 2014 qui « encourage les préfets à user de tous les moyens de coercition avec le concours de la police ». Témoignage de Roger Dubien des Réseaux citoyens de Saint-Étienne.

Ce mercredi matin à 10h, les 19 enseignants présents se sont retrouvés en salle des profs au collège Jean Dasté de St-Etienne. Et l’inimaginable s’est imposé : Euron, 16 ans et Arber, 13 ans, dont l’absence en cours avait été remarquée un moment plus tôt, avaient été arrêtés à 7h, chez eux à Montchovet, alors qu’ils se préparaient pour aller au collège Jean Dasté à St-Etienne. Tout comme leur frère Bechar, 17 ans, scolarisé à Andrézieux-Bouthéon, et leur mère. Ils avaient été conduits en fourgon policier au commissariat central de St-Etienne, à 1 km à peine du collège. Les enfants gardés dans le fourgon. La mère placée en garde à vue et interrogée. M. Tali, le père absent de chez lui à 7h avait échappé à l’arrestation, organisée pour les conduire au Centre de rétention administratif (CRA) de Lyon Satolas, en bout de piste de l’aéroport de St-Exupéry, et les mettre dans un avion pour les expulser vers l’Albanie.

Une réaction unanime des professeurs du collège Jean Dasté

Alors les enseignants de Dasté ont décidé de cesser immédiatement les cours. Ils en ont informé les autres élèves, dont la réaction n’a pas été : « chouette, ça fait sauter les cours”, mais “c’est dégueulasse !” ». Vers 11h15, 18 des 19 enseignants se sont rendus à la Bourse du Travail, où il devait y avoir le jour-même une conférence de presse du Collectif « Pour que personne ne dorme à la rue » et de Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) pour faire le point sur la vague des expulsions en cours avec la fin des hébergements d’urgence pour la « période hivernale ». Et du coup ce sont d’abord eux qui ont fait la conférence de presse...

Et là, devant les journalistes du Progrès et de France Bleue, les enseignants de Jean Dasté ont témoigné de leur stupeur et de leur colère. (...)

Du coup, on prend conscience que d’autres enfants, du collège ou d’autres établissements, sont menacés eux aussi, car leurs parents sont demandeurs d’asile, déboutés ou avec un recours en cours d’instruction suite à un premier refus de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Des contacts vont donc être pris avec les enseignants d’autres établissements pour les mettre en alerte. Rien qu’à Dasté, il semble qu’une quinzaine d’élèves, enfants de demandeurs d’asile en cours de démarche ou déboutés, soient concernés. Et certains savent que deux familles – une maman avec quatre enfants, et une autre famille avec cinq enfants – sont dans une situation de détresse totale, n’ont pas de quoi manger ni se loger, et n’ont droit à rien. « Ils n’existent pas... »

Vers 11h30, confirmation était donnée par Jean-Marc Goubier, de l’association de soutien de St-Just-St-Rambert – c’est cette association qui a trouvé et finance le logement de la famille Tali depuis près de 6 mois : la mère et ses trois enfants étaient en route pour le centre de rétention de Lyon. A noter que, normalement, il est maintenant interdit de mettre des enfants en centre de rétention – le président de la République s’y était engagé. Il est aussi interdit d’expulser une famille si l’un des parents reste en France. Mais ça fait des mois que Valls et la Préfète de la Loire (qui est membre de la commission qu’il a créée pour réformer – en marche arrière – le droit d’asile) prennent leurs aises avec le droit pour inscrire déjà dans les faits les « réformes » régressives qu’ils préparent.

Quoi qu’il en soit, un dossier juridique est en cours de constitution devant le juge des Libertés pour faire casser cette arrestation et libérer la famille Tali avant qu’elle ne soit expulsée.

Vers une législation d’exception pour les étrangers ?

Au passage, on a appris que depuis deux jours c’est de la folie au centre de rétention : 19 expulsions sont en cours. C’est du jamais vu depuis très longtemps. Valls fête sa promotion au poste de 1er ministre ? Avec les moyens que lui donne son nouveau poste, il peut maintenant passer à une autre étape de son projet politique ? (...)