
Cinq ans après la mort de Clément Méric, devenu un symbole de l’engagement antifasciste, trois skinheads comparaissent à partir de mardi aux assises pour répondre des coups portés contre cet étudiant de 18 ans tué lors d’une bagarre en plein Paris.
(...) Rencontre fortuite ou guet-apens ? Bagarre qui tourne mal ou volonté de tuer ? La question sera au cœur du procès, alors que les antifas dénoncent un "assassinat politique" et que les accusés évoquent la légitime défense.
Les rixes ne sont pas rares entre ces groupes ennemis, mais pour la première fois depuis longtemps, il y a un mort : un jeune homme engagé, décrit par beaucoup comme brillant et frêle, dont ses amis de l’Action antifasciste Paris-Banlieue affirment qu’il n’était "pas violent" mais "ne baissait pas les yeux".
Sa mort fait resurgir le spectre des violences de l’extrême droite, dont les rangs s’étoffent à la faveur de manifestations contre le mariage homosexuel. Une mobilisation qui nourrit alors les tensions entre les deux camps.
Le gouvernement promet de punir "les assassins", puis dissout plusieurs groupuscules identitaires et racistes dont étaient proches certains des accusés, à l’instar de Troisième Voie et de son service d’ordre, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), dirigées par une figure tutélaire de la mouvance, Serge Ayoub.
Au terme de l’enquête, les juges concluent à une rencontre imprévue qui a dégénéré en bagarre, mais écartent l’intention de tuer chez les principaux mis en cause : Esteban Morillo et Samuel Dufour, 25 ans, sont donc renvoyés aux assises pour des violences "ayant entraîné la mort sans intention de la donner", commises en réunion et avec arme - en l’occurrence un poing américain. Ils encourent jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. Après plusieurs mois de détention provisoire, ils comparaissent libres.
Un troisième skinhead, Alexandre Eyraud, 29 ans, sera lui jugé pour des violences aggravées passibles de 5 ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
– "Meurtre politique" - (...)
L’un des enjeux sera de déterminer s’il y a eu ou pas usage de poings américains, laissant supposer une intention d’en découdre. Sur ce point, les expertises médicales se contredisent. (...)
Leur réponse à la mort du jeune militant a été la création d’un Comité pour Clément, avec la volonté de "ne pas laisser la rue" à l’extrême droite. Plusieurs rassemblements sont prévus à Paris dans les prochains jours.