
Et par la même occasion, il a sans doute condamné toute tentative d’en négocier un nouveau.
En décidant de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien, Donald Trump a commis son action de politique étrangère la plus irresponsable.
Le président des États-Unis a pris cette décision en dépit des exhortations de dirigeants européens, de responsables de la sécurité israéliens, de dizaines de diplomates, de son propre secrétaire à la Défense et même du président –conservateur– de la Commission des forces armées de la Chambre des représentants des États-Unis.
Cette décision ne peut être attribuée qu’à l’un –ou plus– de ces trois motifs : une incompréhension des termes de l’accord, le besoin de torpiller une énième réalisation du président Obama, ou le désir d’affaiblir voire de détruire le gouvernement iranien.
Dans son allocution télévisée, Trump a déclaré que l’Iran fraudait et contournait l’accord –mais si l’on en croit les directeurs de ses propres services de renseignement, rien ne permet de l’affirmer.
Depuis la signature de l’accord, l’Agence internationale de l’énergie atomique a rendu dix rapports certifiant que l’Iran respectait ses engagements. (...)
L’accord permet aux inspecteurs d’enquêter de manière intrusive pour déterminer si les scientifiques tentent ou non de contourner l’accord. Sans lui, pas d’enquêtes possibles. Les Iraniens disposaient bel et bien d’un programme nucléaire secret ; sans lui, ils pourront le relancer au nez et à la barbe de la communauté internationale.
Le retrait américain vient sans doute de signer l’arrêt de mort de l’accord. Imposer de nouvelles sanctions à l’Iran reviendrait à imposer des « sanctions secondaires » aux banques et autres entreprises faisant affaire avec l’Iran. (...)
Les signataires européens ont déclaré qu’ils ne sortiraient pas et ils encouragent l’Iran à faire de même. Peu avant l’intervention de Trump, les représentants de l’Union ont ajouté qu’ils tenteraient de protéger les entreprises désirant maintenir leurs liens commerciaux avec Téhéran.
Colin Khal, ancien haut fonctionnaire dans l’administration Obama, explique que l’Europe pourrait dédommager ces sociétés pour les pertes occasionnées par les sanctions secondaires américaines ; l’UE pourrait même menacer les États-Unis de représailles et traîner l’administration Trump devant l’OMC pour la dissuader de mettre en application toutes les sanctions prévues.