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l’Humanité
Turquie. Claque électorale pour Recep Tayyip Erdogan
Article mis en ligne le 2 avril 2019

Le parti au pouvoir a perdu Ankara et probablement Istanbul au profit de l’opposition. Le HDP l’emporte dans huit villes.

Signe toutefois qu’il ne laissera pas lui échapper les deux principales villes du pays sans coup férir, l’AKP a annoncé, lundi, qu’il déposerait des recours pour faire réexaminer la validité des bulletins considérés comme nuls, affirmant avoir relevé des « irrégularités ». Selon l’agence Anadolu, 290 000 votes ont été comptés comme nuls à Istanbul et 90 000 à Ankara. Redoutant des fraudes, l’opposition avait appelé ses observateurs à ne pas quitter les bureaux de vote, quitte à « ne pas dormir pendant 48 heures » !

Ce remarquable résultat de l’opposition dans les deux principales villes du pays mais également dans des villes comme Izmir est aussi dû à la stratégie du Parti démocratique des peuples (HDP), qui a appelé à soutenir les listes démocratiques constituées face à l’AKP, préférant se concentrer sur la partie kurde du pays. Une stratégie gagnante puisque le HDP a remporté les élections dans huit villes, dont trois métropoles (Diyarbakir, Mardin et Van), et a placé ses listes en tête dans 45 districts (sortes d’arrondissements). Une victoire éminemment politique lorsqu’on sait que tous les conseils municipaux des villes dirigées par le HDP ont été suspendus par le pouvoir après 2016 et remplacés par des gouverneurs nommés par Erdogan et son gouvernement.

C’est également un encouragement, alors que les dirigeants historiques et des députés du HDP, dont Selahattin Demirtas, sont enfermés, que des milliers de Kurdes sont en grève de la faim (certains se sont même pendus dans leur cellule ces derniers jours) pour exiger la fin de l’isolement d’Abdullah Öcalan, le leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et que des dizaines de militants ont été arrêtés avant et pendant les élections. (...)

le pays est soumis à une récession économique et une inflation record remettant en cause le fameux « modèle turc ». Face aux difficultés quotidiennes des Turcs, son discours sécuritaire n’a pas eu l’effet escompté. Pas plus que la répression mise en place dès l’été 2016, après le putsch manqué, et les purges au sein de la fonction publique, de la justice, de l’armée et des médias. (...)

Le président turc n’a évidemment pas dit son dernier mot et songe dès à présent au scrutin nation de 2023. Il reste qu’il a perdu une bonne partie de son capital au sein de la société turque.