
Le gouvernement turc a lancé vendredi la chasse aux signataires d’une pétition réclamant la fin des opérations controversées de l’armée contre la rébellion kurde qui a suscité l’ire du président Recep Tayyip Erdogan, ravivant les critiques sur sa dérive autoritaire.
Sur ordre de la justice, la police turque a interpellé à Kocaeli (nord-ouest) 14 universitaires qui avaient apposé leur nom au bas de cet "appel pour la paix". A Bolu (nord), les forces de l’ordre ont perquisitionné les domiciles de trois autres signataires de la pétition, ont rapporté les médias locaux.
Dans tout le pays, des enquêtes judiciaires ont été ouvertes pour "propagande terroriste", "insulte aux institutions et à la République turque" et "incitation à violer la loi" contre les signataires de la pétition, qui risquent de un à cinq ans de prison. (...)
Cette pétition, également signée par des intellectuels étrangers comme le linguiste américain Noam Chomsky, a provoqué la fureur des dirigeants turcs.
Pour la troisième fois de la semaine, M. Erdogan a accusé vendredi les signataires d’être complices des "terroristes" du PKK et justifié les poursuites lancées contre eux. "Ceux qui se rangent dans le camp des cruels sont eux-mêmes cruels et ceux qui soutiennent les auteurs de massacres sont complices de leurs crimes", a-t-il dit.
– "Traîtres" -
Dans les colonnes du journal Yeni Safak, un des porte-voix favoris du pouvoir, l’éditorialiste Ibrahim Karagül a lui appelé les étudiants à "boycotter les cours de ceux qui soutiennent le terrorisme et se cachent derrière le mot de paix".
Dans la foulée de ces attaques, la traque des signataires a débuté dans tout le pays. (...)
La représentante de l’ONG Human Rights Watch (HRW) en Turquie Emma Sinclair Webb a jugé sur Twitter les arrestations d’universitaires "scandaleuses".
"Exprimer son inquiétude sur la violence ne signifie pas soutenir le terrorisme. Critiquer le gouvernement n’est pas la trahison", a quant à lui jugé l’ambassadeur des Etats-Unis à Ankara, John Bass, dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux (...)