
Des habitants avaient écrit en grandes lettres cyrilliques le mot « Дети » - « enfants » - sur le parvis de chaque côté du théâtre d’art dramatique de Marioupol. Malgré cela, le 16 mars 2022, le bâtiment a été bombardé par l’armée russe. Notre enquête sur ce crime de guerre.
« Après des mois d’enquête rigoureuse, d’analyses d’images satellites et d’entretiens avec des dizaines de témoins, nous avons conclu que cette frappe constituait clairement un crime de guerre commis par les forces russes. »
Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International
Le 16 mars 2022, au moins une douzaine de personnes, sans doute davantage, ont été tuées lorsque le théâtre d’art dramatique de Marioupol, en Ukraine, a été bombardé par l’armée russe. Les résultats de nos recherches : les forces armées russes ont probablement délibérément pris pour cible ce bâtiment en sachant que des centaines de civils s’y réfugiaient.
Les preuves d’une attaque délibérée
Après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février 2022, les civils ont commencé à fuir leur domicile à mesure que leurs villes ont été visées les unes après les autres par des attaques militaires. À Marioupol, ville assiégée de la région de Donetsk, le théâtre est devenu un lieu sûr pour les personnes cherchant à se mettre à l’abri des combats.
Ce théâtre, qui se trouve dans le quartier de Tsentralnyi, était un centre de distribution de médicaments, de nourriture et d’eau, et avait été désigné comme lieu de rassemblement pour les personnes espérant être évacuées au moyen de couloirs humanitaires. (...)
Des centaines de civils se trouvaient à l’intérieur et aux alentours du théâtre.
« J’ai vu le toit du bâtiment exploser [...] Il a été projeté à 20 mètres dans les airs puis s’est effondré [...] ensuite j’ai vu beaucoup de fumée et de débris [...] Je n’en croyais pas mes yeux parce que le théâtre était un sanctuaire. Il y avait deux gros panneaux qui disaient "enfants". »
Gregory Golovniov, un civil témoin de l’attaque
Nous estimons qu’au moins 12 personnes - et sans doute bien plus - ont été tuées par la frappe, et que de nombreuses autres ont été grièvement blessées. Cette estimation est inférieure aux chiffres communiqués précédemment, ce qui s’explique par le fait qu’un grand nombre de personnes avaient quitté le théâtre au cours des deux jours ayant précédé l’attaque, et que la plupart de celles qui y étaient restées se trouvaient dans le sous-sol de l’édifice et d’autres zones qui ont été protégées du plein effet de l’impact. (...)
Cibler des civils est un crime de guerre (...)
Des témoignages glaçants (...)