
Si on peine à se souvenir d’épisodes valant preuve de la « générosité » vantée par Eric Besson, il n’y a pas besoin de faire un gros effort de mémoire pour retrouver pléthore de cas médiatisés d’intransigeance féroce et d’arguties juridiques à l’encontre de demandeurs d’asile, sans parler de tous les dossiers anonymes sur lesquels se battent les associations spécialisées. Ni de la loi Besson.
Dans ce contexte et avec ce passif, la grande attention portée à la situation des Chrétiens d’Irak (d)étonne. On ne peut évidemment que se réjouir du zèle dont ils bénéficient ; ce qui est plus questionnant rétrospectivement, en revanche, est la froideur (litote) avec laquelle ont été traitées d’autres demandes antérieures, relatives à des Afghans ou à des Kurdes notamment.
(...) Donner des gages d’humanité, rassurer les Chrétiens et illustrer de façon subliminale une conception de l’identité nationale qui a fait ses preuves, électoralement parlant : charité bien ordonnée, après tout, commence par soi-même. Une maxime biblique légèrement modifiée pourrait peut-être être ajoutée au frontispice du ministère de l’Immigration : il est plus facile pour un Chrétien de passer par le chas d’une aiguille – nos frontières bien étanches – que pour tout autre demandeur d’asile.