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Un autre « bienfait » de « l’Europe sociale » : depuis le traité de Maastricht, le travail de nuit explose
par François Asselineau dimanche 24 août 2014
Article mis en ligne le 30 août 2014
dernière modification le 25 août 2014

En 1991, avant le traité de Maastricht et le démantèlement du droit du travail qu’il a engagé, il n’y avait en France que 3,5 % des salariés qui travaillaient "habituellement" de nuit.

En 2012, soit deux décennies après la mise en œuvre des « réformes indispensables » imposées par l’UE qui devaient - nous avait-on promis - créer plus de richesses et plus d’emplois, cette proportion a plus que doublé : ce sont désormais 7,4 % des salariés qui travaillent "habituellement" de nuit en France. C’est une étude du ministère de l’Emploi (Dares) qui vient tout juste de nous l’apprendre.

(...) c’est surtout parmi les femmes que le nombre de salariées travaillant la nuit a le plus progressé : il a doublé en vingt ans (500 000 en 1991, un million en 2012), alors que le nombre d’hommes concernés n’a augmenté que de 25 % (1,9 million en 1991, 2,4 millions en 2012).

Cette explosion du travail de nuit chez les femmes est la conséquence directe des contraintes européennes. (...)

C’est la Directive Européenne n°76/207/CEE du 9 février 1976 qui a commencé à imposer aux États européens la généralisation du travail de nuit des femmes, au nom de « l’égalité avec les hommes » et de la « non-discrimination » bien entendu.

Compte tenu de la régression sociale que cette ré-autorisation signifiait, les autorités françaises ont fait la sourde oreille pendant 15 ans. Mais, par l’arrêt Stoeckel du 9 février 1991, la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE, devenue CJUE depuis 1992) a estimé que la loi française n’était pas conforme à la directive de la Commission européenne du 9 février 1976 et a mis en demeure la France d’accorder son droit national au droit européen.

Le gouvernement français a encore traîné les pieds mais, la CEE étant devenue UE avec le traité de Maastricht les contraintes européennes sont devenues de plus en plus sévères et la France s’est vue placée sous astreinte d’introduire l’autorisation du travail de nuit des femmes avec une amende de 14 482,66 € par jour de retard à à partir du 30 novembre 2000 (...)

Ironie de l’Histoire, c’est le gouvernement dit « de gauche » de Lionel Jospin qui a ainsi aboli une législation sociale vieille de 109 ans… (...)

La prétendue « construction européenne » détruit le droit du travail et précarise les conditions de vie

Ce que vient de confirmer l’étude du ministère du travail, c’est que non seulement il y a de plus en plus de chômeurs et le niveau de vie dégringole pour tout le monde sauf pour les plus riches, mais que les conditions de travail des Français se dégradent également très rapidement. Car une autre enquête du ministère du travail, de 2013, a révélé ce que l’on pressentait, à savoir que les conditions de travail sont plus difficiles pour les salariés qui travaillent la nuit :

 ils ont des contraintes plus fortes (sur le rythme de travail et la pluralité des tâches à accomplir),
 ils sont plus anxieux, ayant souvent le sentiment qu’une erreur de leur part pourrait avoir de graves conséquences,
 ils sont plus souvent confrontés à des personnes en détresse, à des tensions, ou même à des agressions,
 leur travail comporte davantage de facteurs de pénibilité physique et de contraintes de vigilance,
 ils déclarent plus souvent risquer d’être blessés ou accidentés. (...)

Nous touchons ici, sans doute, l’une des raisons les plus profondes de la crise multiforme dans laquelle s’enfoncent l’Europe en général et la France en particulier. Car, héritiers d’une dizaine de siècles de civilisation, les Français, dans leur écrasante majorité, ne se reconnaissent pas dans ce monde où les seules et uniques valeurs seraient l’argent et le profit.

Redonner du sens à la société dans laquelle nous vivons, redonner à notre vie collective ses valeurs éthiques, c’est aussi l’une des raisons, - et sans doute la plus importante avec la nécessité de préserver la paix du monde -, pour laquelle nous devons nous rassembler en urgence pour faire sortir la France de cette horreur économique et sociale dans laquelle nous plonge la prétendue « construction européenne ». (...)