
Free vient de désactiver le blocage de la publicité qu’il avait mis en place par défaut pour ses clients. Les éditeurs de presse en ligne voient dans ce système anti-pub « une atteinte au principe de neutralité du Net ». Les associations Résistance à l’agression publicitaire et Surfez couverts demandent au contraire à ce que le blocage des publicités soit généralisé sur tous les navigateurs Internet afin de « garantir la liberté de réception de l’internaute ». Basta ! relaie leur tribune, pour que ce débat puisse être approfondi. Avec en toile de fond la question du modèle économique de la presse en ligne.
La gratuité suppose une absence de contre-partie. Or, un annonceur achète l’audience d’un site internet - « temps de cerveau disponible » - pour essayer de capter son attention et espérer un clic sur sa bannière. Le site vend ses lecteurs à cet annonceur moyennant finance. C’est pourquoi on a coutume de dire que lorsque l’on ne paye pas le produit c’est que nous sommes le produit vendu. (...)
Les services en lignes publicitaires ne se contentent plus de vendre le temps d’attention de leurs lecteurs mais également leurs contributions. Cette dimension productive des contributeurs est exploitée par l’industrie publicitaire que représente notamment Facebook, Google ou Twitter. Les tentatives d’appropriations des contributions par ces services en ligne sont régulières, on l’a vu récemment avec Instagram [2] qui a tenté de déposséder des millions de contributeurs de leurs photos.
Enfin, les annonceurs répercutent le prix de leurs campagnes publicitaires dans le prix des produits vantés. (...)
83 % des sondés estiment que la publicité sur Internet dérange la navigation (...)
De plus, la croissance exponentielle de l’information rend sa compréhension et le tri entre l’accessoire et l’essentiel encore plus compliqué. La publicité par la captation de notre attention brouille nos sens et entraîne une véritable « infobésité ». La publicité n’est pas seulement gênante par son omniprésence, elle est aussi nocive pour les individus, comme pour la société : obésité, anorexie, sexisme, frustration, comportements violents, surconsommation, sur-endettement… (...)
Des modèles économiques qui se passent de publicité existent déjà et sont viables. Wikipedia est l’un des sites les plus consultés au monde et est financé par ses contributeurs. Ou encore, Mediapart et @rret sur images fonctionnent sur un modèle d’abonnement communautaire. Les politiques doivent garantir aux Français, par la loi, la liberté de réception pour que les bloqueurs de publicités et de cookies publicitaires soient installés par défaut sur tous les navigateurs internet pour être contrôlé par l’internaute lui même. Enfin, on peut aussi imaginer une redevance web qui permettrait de financer de manière inconditionnelle les sites internet sans publicité. Faute de mieux, nous encourageons tous les internautes, soucieux de se protéger de la pollution et l’intrusion publicitaire à suivre le guide du site internet surfezcouvert.net.