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Mediapart
Un centre qui héberge de jeunes étrangers fait place nette avant l’arrivée des Ukrainiens
Article mis en ligne le 31 mars 2022

Une quarantaine de jeunes étrangers mis à l’abri dans un centre d’hébergement de l’Essonne, originaires de Guinée, du Mali ou d’Afghanistan, vont être remis à la rue d’ici à la fin de la semaine. Plusieurs sources reprochent à la préfecture de récupérer leurs places pour accueillir plutôt des réfugiés d’Ukraine, ce qu’elle dément.

Une quarantaine de jeunes étrangers mis à l’abri dans un centre d’hébergement de l’Essonne, originaires de Guinée, du Mali ou d’Afghanistan, vont être remis à la rue d’ici à la fin de la semaine. Plusieurs sources reprochent à la préfecture de récupérer leurs places pour accueillir plutôt des réfugiés d’Ukraine, ce qu’elle dément. (...)

Des rumeurs, deux semaines plus tôt, avaient d’abord alerté les jeunes étrangers d’un centre d’hébergement de l’Essonne. Elles laissaient entendre que, pour faire face à l’arrivée des personnes réfugiées d’Ukraine en Île-de-France, ils pourraient être remis à la rue prochainement. L’association d’aide aux exilés Utopia 56 était alors montée au créneau et avait publié les messages d’un résident, inquiet de son éventuelle expulsion, sur les réseaux sociaux. (...)

« Depuis deux semaines, beaucoup sont arrivés au centre dans des cars. Et pour nous, comment ça va se passer ? Le même bus qui nous a amenés ici va nous redéposer à Bercy, pour qu’on dorme sous une tente ? On n’a nulle part où aller ! »

Selon plusieurs sources proches des résidents et de l’association Grandissez ensemble, il s’agit bien d’une sortie « sèche », sans proposition de transfert (...)

La préfecture leur propose le 115

Contactée, la préfecture de l’Essonne confirme la sortie prochaine des jeunes mais en donne d’autres explications. (...)

La préfecture a proposé aux jeunes de se déplacer dans ses locaux afin de déposer une demande d’asile. Originaires de Guinée, du Mali, du Sénégal, de Côte d’Ivoire ou encore d’Afghanistan, ils ont préféré attendre leur audience devant le juge des enfants, considérant que leurs chances d’obtenir l’asile étaient faibles, au vu de leurs pays d’origine.

Selon la préfecture, qui invite les jeunes à se diriger vers des dispositifs de droit commun comme le 115 (déjà saturé), ces fins de prise en charge sont « sans relation avec l’accueil de personnes en provenance d’Ukraine ». « Des personnes en provenance d’Ukraine ont ainsi pu être accueillies, depuis le 7 mars dernier, sur le même site, indépendamment de la présence de ces jeunes. Les places actuellement utilisées par ces jeunes n’ont pas vocation à être utilisées par des personnes en provenance d’Ukraine. Il n’est pas prévu à ce jour d’étendre le nombre de places dans ce cadre sur cette structure. »

Plusieurs sources nous confirment pourtant que le groupe SOS Solidarités, présent sur la structure depuis deux semaines pour accompagner l’arrivée des premiers réfugiés ukrainiens (ils seraient 50 à l’heure actuelle, et 90 attendus au total), prévoit déjà de récupérer les chambres pour continuer d’accueillir le public ukrainien. L’association Grandissez ensemble aurait par ailleurs demandé à poursuivre sa mission aux côtés des ressortissants ukrainiens, comprenant que ces derniers remplaceraient les jeunes étrangers au sein de la structure. (...)

Pour l’association Utopia 56, il y a « peu de doutes » sur les intentions de la préfecture. (...)

Selon nos informations, les éducateurs qui les accompagnent ont refusé d’intervenir pour leur sortie du centre vendredi.