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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Un enjeu de taille : changement climatique et surpêche
Article mis en ligne le 17 septembre 2016

Les stocks de poissons du monde sont au bord de l’effondrement en raison de l’effet combiné du changement climatique et de la surpêche, et, selon les scientifiques, cela pourrait entraîner une malnutrition généralisée dans les pays pauvres à climat tropical.

Les océans ont absorbé plus de 93 pour cent de chaleur générée par les activités humaines depuis les années 1970, selon un rapport rendu public ce mois-ci par l’Union internationale pour la Conservation de la Nature et des ressources naturelles (UICN). Le document note que l’augmentation « vertigineuse » des températures a provoqué le chaos dans les mers : de dangereux microbes et la bactérie responsable du choléra s’épanouissent dans les eaux plus chaudes, tout comme les algues toxiques qui peuvent empoissonner les poissons et les personnes qui les consomment ; les récifs coralliens qui abritent un quart de toutes les espèces marines se meurent ; des espèces, telles que les tortues, les oiseaux marins et les poissons, se déplacent vers des eaux plus froides, près des pôles.

Pour les experts qui étudient la situation de la pêche au niveau mondial, le rapport de l’IUCN, établi par 80 scientifiques dans une dizaine de pays, s’est simplement ajouté à la pile grandissante de leurs rapports qui montrent que la surpêche décime d’ors et déjà les stocks mondiaux. (...)

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Le changement climatique exacerbe un problème qui couve depuis 70 ans.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ressource halieutique était considérée comme une ressource économique inépuisable, ce qui a favorisé l’expansion massive de la pêche industrielle. Cette étroitesse d’esprit a mis les pêcheurs dans une situation désespérée : s’ils continuent à pêcher au même rythme qu’aujourd’hui, beaucoup de stocks de poissons vont s’effondrer dans le monde. (...)

Les gouvernements et les agences ne doivent plus considérer la pêche mondiale uniquement comme une ressource économique, et ils doivent élaborer de nouvelles politiques pour mieux gérer la pêche et nous éviter d’aller à la catastrophe. Les groupes qui interviennent dans les domaines de la santé et de l’environnement – y compris le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – doivent également œuvrer pour obtenir des règlements plus stricts.

Des pressions sont aussi exercées sur les scientifiques pour qu’ils fournissent des données qui montrent avec précision l’ampleur de la crise que le monde traverse. C’est l’objectif que M. Zeller et ses collègues du projet ‘Sea Around Us’ essayent d’atteindre. (...)

« Le changement climatique pourrait être le train fou que personne ne peut arrêter », a dit M. Zeller. (...)

« Un nombre croissant d’organisations – au sein du système des Nations Unies, au sein des gouvernements – se rendent compte que la pêche n’est pas qu’une activité économique », a-t-il dit. « C’est une question environnementale, et ils vont se rendre compte que c’est une question de santé. »

Malgré la lenteur glaciale du changement politique, M. Zeller voit des raisons d’espérer, car la gestion s’améliore dans bon nombre de pays, et il y a une prise de conscience croissante de la crise. Un nombre croissant d’organisations non gouvernementales (ONG) œuvrent à la défense des pêcheurs locaux et font ainsi pression publiquement sur les gouvernements. (...)