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Un havre de solidarités pour « résister à l’agressivité de ce monde » : le Laboratoire écologique zéro déchet. rassemblement de soutien le 20 mai + Pétition
Article mis en ligne le 19 mai 2021

Le Laboratoire écologique zéro déchet (LEØ) à Pantin est un monument de solidarités : hébergement de femmes et d’enfants à la rue, distributions alimentaires, cours de Français aux exilés… Ce lieu de vie hors du commun risque de fermer ses portes.

(...) Derrière un portail, quatre arcs métalliques rouillés partent d’un bâtiment vitré et se plantent dans le sol comme les pattes d’une araignée géante. Lierre, fleurs et herbes tenaces taquinent le béton d’une petite cour. « Plus notre environnement sera brutal, plus nous serons délicats voire précieux », avertit un mur à l’encre noire. Promesse tenue dans cet ancien faubourg industriel parfois en mal de poésie. Les habitants du LEØ ont fait de ce vieil entrepôt une enclave accueillante pour tous : des mères en galère, des animaux en errance, des associations en manque d’espace, des militants et leurs rêves. (...)

Cette parenthèse ouverte il y a deux ans menace de se refermer. Le 20 mai, les juges de la Cour d’appel de Paris devront décider de l’avenir de cette occupation, à la demande de son propriétaire l’Etablissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF). Un premier jugement du tribunal d’instance de Pantin rendu le 19 novembre 2019 avait autorisé l’occupation de l’entrepôt pour trois ans et demi, jusqu’au printemps 2023. Pourquoi à tout prix écourter cette période ? Contacté, l’EPFIF ne répond à aucune de nos questions. (...)

Le bâtiment se situe sur la ZAC du futur écoquartier de la gare de Pantin, entre le périphérique et les chemins de fer de l’est parisien. Un « écoquartier pour tous », promet un panneau à proximité. 1500 logements dont un tiers de social et 100 000 m2 de bureau devraient sortir de terre d’ici 2030. (...)

« Ce lieu est une bénédiction, ces personnes sont des étoiles » (...)

« Ici, les femmes ressortent plus apaisées. Elles peuvent s’asseoir, prendre leur temps, boire un thé chaud. Ça ne se limite pas à un expéditif : " Voilà votre colis, au revoir et au suivant " », témoigne cette sage-femme de profession, ajoutant : « Ce lieu a porté à bout de bras les débuts de cette crise. » Lors du premier confinement, « tout le monde était largué, la majorité des associations conventionnées du secteur avaient fermé », explique-t-elle. Le LEØ a pris le relais. « Même le SAMU Social continue d’envoyer des famille ici pour récupérer des colis. Sans le savoir, l’État repose sur le LEØ. » Les restrictions sanitaires ont réservé le même sort à Un petit bagage d’amour, une association d’aide aux mères en grande précarité cofondée par Chiraz. Leur local à l’Église Saint-Sulpice doit baisser le rideau. Heureusement, les distributions de produits de première nécessités sont alors assurées par le LEØ. « Amélie et moi nous passions des heures au téléphone », se souvient la quadragénaire. Le tandem revendique pas moins de 500 colis de produits pour bébé en deux mois lors du premier confinement. (...)

« Je n’ai jamais autant bossé depuis que j’ai arrêté de travailler ! »

Entre deux colis, Amélie prend une pause. « Je n’ai jamais autant bossé depuis que j’ai arrêté de travailler ! » soupire l’ancienne éducatrice spécialisée, partagée entre ses activités habituelles et la préparation du procès à venir. Elle sort un agenda aux allures de grimoires, aux pages griffonnées de partout. (...)

« Ce lieu rend concret une forme d’utopie. Les choses ne sont pas dites, elles sont faites » (...)

Voisin de stock, les Brigades de solidarité populaire (BSP) dépendent aussi du LEØ. Ce collectif anticapitaliste est né du premier confinement. Distribution de masques, récup’ aux marchés pour une cinquantaine de familles du quartier, maraudes et atelier d’éducation populaire pour les exilés, soutien aux luttes locales… Grâce au LEØ, « nous pouvons mener des actions variées, faire plus et mieux », résume Camille*, « brigadiste » habitué du lieu. « Nous n’avons pas à courir partout récupérer du matériel éparpillé chez les uns et chez les autres. » « Ici, nous croisons des gens, il y a des discussions, des échanges informels, des débats », ajoute-t-il. « Ce lieu rend concret une forme d’utopie. Les choses ne sont pas dites, elles sont faites. » (...)

« Loin des pressions extérieures, de l’argent et des menaces. C’est une façon de résister à l’agressivité de ce monde et de sa folie » (...)

Sous le regard des animaux du lieu, les habitants du LEØ font le bilan à quelques jours de l’audience du 20 mai. « Nous, les habitants, nous ne perdrions rien personnellement. Ce qui sera perdu, c’est l’énergie et un réseau, alors même qu’une forme de cohérence et d’équilibre s’installe », déplore Michel. Le regard bleu d’Amélie se voile. Son pessimisme lui laisse craindre un « monde d’après » hostile, mais sa ténacité prend le dessus : « Si nous ne voulons pas sombrer, il faut dès aujourd’hui créer ses îlots de bienveillance et de respiration. Loin des pressions extérieures, de l’argent et des menaces. C’est une façon de résister à l’agressivité de ce monde et de sa folie. » (...)

Un rassemblement de soutien le 20 mai

Les habitants du LEØ et ses soutiens se donnent rendez-vous le jour du procès à 13 h à la place du Châtelet (métro Châtelet, ligne 11, 14, 1, 7, 4) pour un rassemblement statique.

Une pétition a également été mise en ligne ici.