
Le Collectif MIE Gironde (Mineurs Isolés Étrangers), qui défend les droits des mineurs non accompagnés, soutient un nouveau squat rue Camille-Godard à Bordeaux. 15 jeunes et 4 demandeurs d’asile habitent désormais dans cette ancienne MDSI (maison départementale de la solidarité).
« Nous sommes là pour apporter notre solidarité et attirer l’attention. » Aude Saldana-Cazenave explique ainsi les raisons de sa présence à l’inauguration du nouveau squat du collectif MIE (mineurs étrangers isolés), ce lundi, au 63 rue Camille Godard, tout proche du Grand Parc.
La coordinatrice régionale de Médecins du monde était présente aux côtés d’une quarantaine de personnes, pour la plupart des membres des associations composant ce collectif, telles que la Cimade, la Ligue des Droits de l’Homme ou ASTI (association solidarité avec tous les immigrés). Toutes venaient appuyer l’action des ouvreuses et ouvreurs de squats, qui permettent ainsi à de nouveaux migrants d’être hébergés.
Au total, 19 personnes sont accueillies dans ce squat : 15 mineurs, tous en procédure de recours au SAEMNA pour faire reconnaitre leur minorité et donc leurs droits à être pris en charge par le département, et 4 demandeurs d’asile. (...)
Selon les organisateurs, une quarantaine de personnes pourraient être accueillies dans cette ancienne Maison Départementale de la Solidarité et de l’Insertion. Aujourd’hui vide, ce bâtiment appartient au département de la Gironde. (...)
Lorsqu’un un migrant mineur arrive en France, il doit se présenter au département. Celui-ci, s’il reconnait sa minorité, doit le prendre en charge. En Gironde, c’est le SAEMNA qui se charge de reconnaitre la minorité des jeunes. S’ils ne sont pas reconnus mineurs en première instance, ils peuvent faire appel. Seulement, sur ce temps-là, « ils ne sont ni mineurs, ni majeurs » résume Aude Saldana-Cazenave. Comprendre : le département ne doit pas les prendre en charge, puisqu’ils ne sont pas officiellement reconnus comme mineurs, et les foyers ne peuvent les accueillir. Le squat reste alors une de leurs seules options possibles pour avoir un toit. (...)
Du côté du département, on se dit « attachés à la santé des personnes qui sont à l’intérieur du bâtiment ainsi qu’à leur sécurité ». L’autre partie du site, de l’autre côté d’une cour partagée, est occupée par l’ADEPAPE (Association départementale d’entraide des personnes issues de la protection de l’enfance). Un projet de vente du lieu est en cours, « pour un projet social et solidaire », nous a-t-on précisé au département, sans plus d’éléments. (...)
Fraîchement élu conseiller municipal, Philippe Poutou (NPA) était présent à l’inauguration du squat. « C’était très important pour moi d’être là. Avant comme après l’élection, je vais soutenir les réquisitions citoyennes. » La tête de liste Bordeaux en lutte dénonce les actions de la préfecture – même si celle-ci n’a pas expulsé de squat depuis le confinement.
L’élu plaide pour que la trêve, déjà prolongée en raison de la crise sanitaire, soit reconduite jusqu’à l’hiver prochain, à cause de la canicule et du risque d’une seconde vague à l’automne. L’ancien syndicaliste espère que la nouvelle majorité optera pour une politique de soutien aux associations et collectifs qui ont recours aux squats. Poutou assume de mettre la pression à Pierre Hurmic, qui s’installera vendredi au Palais Rohan