
Un pape a-t-il déjà eu autant d’ennemis ? Sans doute pas dans l’histoire récente. François est détesté par certains et même au sein de son Église ! Sans doute pour sa méthode, parfois expéditive. Certainement, aussi, pour son objectif de réforme.
Très vite après sa désignation, le pape est accusé d’être marxiste puis léniniste, communiste. François, pourtant, s’inscrit dans le droit fil de ses prédécesseurs. Oui, il dénonce le capitalisme financier ultra-libéral, mais, comme il répète souvent, ce qu’il dit n’est guère différent des positions de Jean-Paul II sur les questions sociales.
Sauf qu’il est bien plus attaqué. Par ceux, notamment, qui financent l’église catholique, qui tirent les ficelles…
Mais François n’est pas homme à changer d’avis, en tous cas par sur la finance débridée et le partage des richesses, encore moins sur les ventes d’armes – le véritable scandale d’aujourd’hui, selon lui –, pas non plus sur la peine de mort. Autant de positions que ne supportent pas les catholiques néoconservateurs américains.
Un ancien nonce à Washington, l’ambassadeur du Vatican Mgr Vigano, est même allé jusqu’à réclamer la démission du pape ! François confiera aux journalistes embarqués dans l’avion papal – le lieu de toutes les confidences ! – que les épiscopats du monde entier lui ont alors écrit pour lui exprimer leur soutien et leur prière.
Quête de transparence
Si François trace sa route, c’est qu’il connait sa mission : réformer, à commencer par les finances.
Plusieurs milliers de comptes à la banque du Vatican sont fermés. Le petit État n’est plus un paradis fiscal. C’est le début de la transparence et, donc, la fin des chasses gardées pour certains.
Dans l’un de ses premiers discours de vœux à la Curie romaine, le gouvernement de l’Église, François frappe fort ! Il dénonce les quinze maladies de ses membres, parmi lesquelles "l’Alzheimer spirituel", "la rivalité", "la vaine gloire" ou encore "l’exhibitionnisme mondain"… Un discours incendiaire !
François n’y va jamais par quatre chemins, ses méthodes sont plutôt expéditives : dès le début de son pontificat, il évince le numéro deux du Vatican sous Benoit XVI, l’intrigant cardinal Bertone, qui conservera de nombreux alliés dans la Curie – tous les cardinaux mis de côté, notamment.
Contestation au Vatican (...)
Benoît XVI demeure une référence pour les plus traditionalistes qui n’aiment pas François. Certains vont même jusqu’à dire qu’il est encore le vrai pape !
Mais François ne se fait pas des ennemis que chez les plus conservateurs. Les plus progressistes estiment qu’il ne réforme pas assez. (...)
Si François se fait des ennemis, c’est aussi à cause de son style de gouvernement. Il peut très bien décider de démarrer une messe dix minutes avant l’heure prévue parce qu’il est prêt... et même si elle est diffusée dans le monde entier. Il peut aussi publier un document très important sans prévenir ! François est imprévisible, et s’il est un homme de dialogue, qu’il prône la synodalité, la collégialité, il peut aussi être très direct et cassant. (...)