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Libération
Un pionnier vert en terrain minier : Loos en transition
Article mis en ligne le 18 avril 2013
dernière modification le 12 avril 2013

Dans ce bourg du Pas-de-Calais, les gueules noires tiennent leur revanche énergétique. À force de volonté politique, leur territoire est devenu un modèle de mise en œuvre du développement durable.

Un parc de panneaux photovoltaïques voisine avec les deux plus grands terrils d’Europe. L’image est belle, les photos aussi. Pour un peu, on dirait un cliché fumeux d’agence de communication. Il n’en est rien. Aux côtés - entre autres - de l’écoquartier résidentiel londonien de BedZED et de Fribourg, ville allemande pionnière en écologie urbaine depuis une vingtaine d’années, le village de Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, fait office de vitrine pour le développement durable appliqué.

Au point que la commune de 7 000 habitants (pour 3 500 logements), qui jouxte Lens, reçoit chaque année des centaines de visiteurs (scientifiques, politiques, syndicalistes, militants, architectes, journalistes, écotouristes…) aimantés par la singularité de cette cité minière plombée par l’arrêt de l’extraction du charbon en 1986 qui s’est muée en pionnier des énergies douces. Et, partant, en exemple d’une transition énergétique concrète en matière d’urbanisme et d’habitat.

Horloge astronomique

A Loos, la réalité a dépassé l’affliction. Mais, Grand Dieu, par quel miracle ? (...)

« A Loos, nous sommes le résultat de la non-rentabilité. On a produit de l’énergie fossile qui a contribué à la destruction de la planète du point de vue du réchauffement, une activité incompatible avec le développement durable, rappelle le maire et conseiller régional. Les impacts humains étaient monstrueux : les hommes mourraient de la silicose ou dans des accidents et ne voyaient jamais la retraite. Les territoires ont été détruits. Et les gens avec eux. Entre 1980 et 1990, on était dans une époque où il y avait ici un rejet et un déni complet de l’histoire minière », raconte l’élu.

Il fallait tout raser. Lui s’y est opposé. Convaincu que la population ne pouvait se redresser en occultant son passé. Objectif : faire regagner à ses administrés la fierté de leur terroir pour qu’ils aient le désir de se le réapproprier, de le réinvestir, mais différemment. Car, avant même de penser et parler écologie, développement durable et transition énergétique, c’est d’abord de transition idéologique et politique dont il a été question à Loos-en-Gohelle. De généalogie, aussi. (...)

Le maire y croit mordicus : « On va y arriver par des cellules-souches qui montrent qu’autre chose est possible ; Loos est une de ces cellules. A un moment, on fera système. La planète n’a pas le choix, et je veux y contribuer à mon échelle. »

Et l’élu d’illustrer son engagement par une histoire : « Un immense incendie ravage la savane africaine. Tous les animaux fuient, persuadés de leur impuissance face aux flammes. Tous, sauf un colibri, qui se transforme en micro-Canadair et multiplie les allers-retours à la rivière pour transporter des gouttes d’eau qu’il déverse sur le feu. Un hippopotame l’arrête et lui fait remarquer le caractère vain de son intervention. Le colibri ne se démonte pas et lui répond : "Ce n’est pas grave, je fais ma part." »