
Produire bio tout en permettant l’insertion de personnes handicapées. Faire rimer travail et éthique tout en étant viable économiquement. Les membres de la coopérative L’Olivera, en Catalogne, ont relevé le défi : montrer que la solidarité, la qualité et la démocratie peuvent primer sur la rentabilité, le profit et la pseudo performance qui gangrènent nos sociétés.
(...) Le projet de L’Olivera dépasse de loin la seule création d’un bon vin : il s’oriente, d’un côté, vers l’agriculture sociale – en faisant travailler main dans la main des professionnels de la vigne comme Toni et des personnes souffrant de handicaps psychologiques plus ou moins aigus comme Esteban – et, de l’autre, vers l’agriculture biologique et locale. La vigne et la production d’huile d’olive respectent les normes du Conseil catalan de production agraire écologique (CCPAE), l’agence bio catalane. Des cépages locaux abandonnés sont également récupérés pour leur donner une seconde vie, en partenariat avec Slow Food. (...)
« L’agriculture se polarise de plus en plus entre, d’un côté, une agro-industrie fondée sur la mécanisation à outrance, une superficie de plus en plus grande, un mode de production excluant les personnes peu productives et une perte de goût conséquente des produits. Et, de l’autre, une agriculture de valeur ajoutée vers laquelle nous nous tournons ici, tant pour la qualité de ses produits que pour le respect de l’environnement local et de par son mode de production intégrateur », explique cet œnologue de formation, partisan de l’alliance entre travail et engagement éthique. (...)
Les pionniers de L’Olivera étaient liés par une même indignation face au sort réservé aux personnes souffrant de handicaps psychologiques. « À l’époque, la seule réponse que proposait l’administration espagnole était la construction de grands centres où, peu ou prou, tous les individus qui n’étaient pas conformes à la société étaient entassés. Des mouvements se proposent alors de jouer le rôle de familles pour les personnes handicapées. L’Olivera en fait partie. Mais plutôt que de se débarrasser de leurs membres différents, nous étions des familles banales qui décidions de vivre et de travailler avec eux », explique Carles, directeur dévoué à 100 % à la coopérative, trente-quatre ans après l’avoir rejointe.
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