
« Jean Zay reviens vite, ils sont devenus fous ! » . C’est le titre d’une tribune publiée par le ’’collectif Jean Zay’’ samedi dernier dans « Libération », en vue d’appeler la gauche à bâtir une alternative pour l’école de la République
Le collectif « Jean Zay » qui rassemble actuellement une quinzaine de personnalités de l’éducation propose de commencer « par admettre que toutes celles et ceux qui sont sur le terrain ont quelque chose à dire à ceux qui les dirigent[...]. Ainsi, la première tâche à laquelle devra s’atteler le ou la prochaine ministre de l’Education nationale est la construction d’une réelle démocratie scolaire »
C’est une orientation prioritaire qui a effectivement à voir avec le ’’mode de gouvernance’’ dont a pu faire preuve en son temps le ministre de l’Education nationale Jean Zay dans un gouvernement de Front populaire
Pour l’application de sa loi du 9 août 1936 prolongeant l’âge de fin de l’instruction obligatoire de 13 ans à 14 ans révolus , Jean Zay s’est en effet contenté - par une circulaire aux inspecteurs d’académie du 30 octobre 1936 - de mentionner trois objectifs fort généraux pour la ’’classe de fin d’études’’ ajoutée au cursus de l’enseignement primaire (renforcer les notions déjà acquises ; donner le goût de continuer la culture humaine et professionnelle ; rechercher la place qui conviendrait le mieux à chaque élève dans l’activité économique de la France)
Il a ajouté (et c’était une innovation majeure) : « C’est à vous-même, aux inspecteurs, aux instituteurs et aux institutrices, que je confie la charge, connaissant le but, d’y atteindre par des voies aussi variées que les conditions locales et les aptitudes des enfants. L’année scolaire 1936-1937 sera pour tous une année d’initiatives, de documentation. C’est au vu des difficultés à surmonter, des solutions apportées et des résultats obtenus que je pourrai établir les programmes, les horaires et les instructions à soumettre au Conseil supérieur de l’Instruction publique ».
Dans sa tribune de samedi dernier, le « collectif Jean Zay » met en valeur que « certaines expériences historiques peuvent nous inspirer. Celle du ministère Jean Zay par exemple sous le Front populaire, ou du plan Langevin Wallon en 1947 malheureusement laissé lettre morte. Les deux plaçaient, au-dessus de tout, la boussole de la démocratisation scolaire » (...)
Jean Zay fait partie indéniablement des progressistes de son époque qui pensent que les ’’excellents élèves’’ d’origines populaires doivent pouvoir faire des études secondaires si la demande en est faite ; mais il ne trouve rien à redire à ce que « beaucoup d’excellents élèves, qui pour des raisons variées ne chercheront pas leur place dans le second degré » finissent leur scolarité à 14 ans dans une « classe de fin d’études » . Rien n’est s (...) imple dans la longue -et difficile- histoire de la ’’démocratisation de l’école’’
On comprend que le « collectif Jean Zay » ne s’est pas reposé sur le seul Jean Zay pour cette question fort complexe (appréhendée généralement de façon confuse voire brouillée) , mais qu’il a mentionné en même temps le « plan Langevin-Wallon de 1947 » (...)
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Jean Zay, né le 6 août 19041 à Orléans et mort assassiné par la Milice le 20 juin 1944 à Molles (Allier), est un avocat et homme politique français. Il est sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts, député du Loiret et conseiller général. (...)