
Ce 19 septembre, l’entreprise Chéritel Trégor Légumes comparaissait devant le tribunal de grande instance de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) pour tromperie. Ce grossiste breton, épinglé à deux reprises par la répression des fraudes, a vendu à la centrale d’achat du hard discounter Aldi, plusieurs centaines de tonnes de tomates néerlandaises, espagnoles ou marocaines en les faisant passer pour des françaises.
Le fait est que le hard discounter commande beaucoup de tomates françaises, notamment en période de promotion. Beaucoup trop selon Jean Chéritel qui explique avoir été confronté à d’importants problèmes d’approvisionnements auprès de ses fournisseurs hexagonaux. Problème : l’acheteur d’Aldi n’était pas très compréhensif. « Quand on lui disait qu’on n’avait pas toute la marchandise, il répondait "Débrouillez-vous ou vous serez déréférencé" », explique Jean Chéritel, précisant qu’il risquait aussi d’importantes pénalités imposées par ce client qui représentait alors 40 % de son chiffre d’affaires.
Comme le confirme la responsable comptable aux enquêteurs de la répression des fraudes, l’entreprise ne s’encombre à l’époque d’aucun outil de traçabilité dans l’atelier. Nul besoin non plus de démarche qualité. Aldi ne s’est de toute manière « jamais déplacé chez nous », remarque le gérant. (...)
Flagrants délits de fraudes
Sur la foi de son informateur selon lequel la francisation continue malgré le flagrant délit, la répression des fraudes procède à un second contrôle le 10 août. Les enquêteurs assistent au même tour de passe-passe. Des tomates rondes néerlandaises sont mises en filet avec une étiquette France, pré-installée dans le logiciel de la machine. Les salariés expliquent faire cela depuis une semaine à raison de 4 à 6 tonnes par jour.
Le directeur adjoint de la DDPP des Côtes d’Armor a reconnu devant le tribunal que les quantités exigées par Aldi étaient complètement « déconnectées de la réalité de la production bretonne, mais cela aurait dû amener Chéritel à refuser ce marché. Les infractions commises sont graves, d’autant plus que l’achat français est un acte militant pour le consommateur ». (...)
Victime de la « loi du marché », Jean Chéritel nie s’être enrichi dans l’affaire au détriment des consommateurs, les tomates hollandaises étant selon lui de qualité équivalente aux françaises. « Et même parfois plus chères », souligne son avocat, Me Thierry Fillion. (...)