
Antenne 2, 22 mai 1982, « Jean-Luc Godard est l’invité du journal télévisé Midi 2 en direct du Festival de Cannes » [1].
Le présentateur du journal, Philippe Labro, alors âgé de quarante-six ans, est déjà un vieux routier des médias de grande diffusion
(...) Le contexte de cet entretien n’est pas indifférent. Depuis le 2 avril 1982 l’Argentine et le Royaume Uni sont en guerre dans les îles Malouines, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud. Cette guerre sera nommée en France « guerre des Malouines ». Elle se terminera le 14 juin 1982 par la reddition de l’armée argentine qui avait contesté au Royaume Uni la souveraineté sur ces îles. Plusieurs semaines après le déclenchement de cette guerre, le journaliste entreprend d’interroger le cinéaste à son propos. (...)
Philippe Labro : « Si si, vous vous êtes exprimé. Mais nous ne savons pas non plus ce qui se passe, mais c’est peut-être déjà une information. »
– Jean-Luc Godard : « Alors pourquoi vous ne le dites pas Philippe ? Et vous ne commencez pas votre journal en disant je ne sais pas ce qui se passe ? »
– Philippe Labro : « J’ai commencé mon journal, Jean-Luc, en disant" informations contradictoires et confuses, [Jean-Luc Godard parle en même temps que Philippe Labro : « Non, mais" Je ne sais pas ce qui se passe. " »] l’Argentine dit une chose, Londres autre chose. " »
- Jean-Luc Godard : « " informations contradictoires ", vous avez l’air de savoir que c’est" informations contradictoires ". Dites :" Moi, chef d’Antenne 2, je ne sais pas ce qui se passe. " Moi, chef d’Antenne 2, je ne sais pas ce qui se passe. " »
– Philippe Labro : « D’abord je ne suis pas" chef d’Antenne 2 ", première information, deuxièmement »
– Jean-Luc Godard : « Non, mais, " Moi, speaker, je ne sais pas ce qui se passe. " Vous ne voulez pas dire " Je ne sais pas ce qui se passe. " pour faire plaisir ? » (...)