
Ira -t-il les « buter », ces djihadistes, ces terroristes, « jusque dans les chiottes » pour reprendre l’expression fleurie de Poutine (à propos des tchétchènes musulmans) ? François Hollande veut en tout cas les débusquer et les pourchasser jusque dans les moindres recoins du Mali. Un des buts de guerre proclamés est bien la libération totale de ce pays du joug terroriste : il s’agit de « permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale ».
Plus d’un million de km2 à nettoyer ! . . . même si les forces adverses sont peu nombreuses et moins armées, elles bénéficient de l’immensité du terrain et c’est bien un travail d’éradication énorme et de longue haleine qui attend les forces françaises et leurs alliés. Mais notre président est confiant ; il est également sans nuance et ne fait pas grand cas de l’ennemi : « Que faire des terroristes ? Les détruire. Les faire prisonniers ? si possible »
François Hollande semble bel et bien engagé dans une guerre totale qui lui fait perdre toute mesure. Le responsable politique, expert en pondération, s’est effacé pour laisser place au chef de guerre brutal et sans état d’âme. Le vocabulaire est martial, les déclarations sont à l’emporte-pièce ; l’esprit de compromis s’est subitement dissipé comme un mirage dans le désert malien. François Hollande n’est pas mou, il est raide comme l’acier. Peu lui importe d’attiser ainsi les haines et d’encourager les exactions de l’armée malienne. Traiter les combattants adverses comme des prisonniers de guerre n’est pas une priorité, le travail d’éradication du terrorisme ne peut être que grossier et sans trop de discernement. Déjà des charniers ont été découverts dans la région de Sevaré . . .
Depuis le 11 janvier, notre président n’est assurément plus dans son état normal. Une cause le transcende : la cause du monde libre. A l’instar de grands humanistes comme Bush ou Poutine, François Hollande veut protéger les nations occidentales du terrorisme, il engage donc la France, tête de proue de l’Europe, dans une guerre préventive contre l’islamisme radical. Depuis le 11 janvier, François Hollande est le nouveau héraut de l’occident, le défenseur du monde de Davos contre l’obscurantisme et il ne transige pas avec le sacré : la religion du marché doit prévaloir sur toutes les autres.
La justification ultime du monde libre est bien la libre entreprise. François Hollande, en grand prédicateur du moment, n’oublie d’ailleurs pas le monde des affaires dans ses tournées : la guerre offre des opportunités pour nos industriels de l’armement et notre président, tout imprégné qu’il soit de sa mission et de ses idéaux, garde malgré tout les pieds sur terre lorsqu’il prêche la bonne parole. En visite aux Emirats arabes unis la semaine dernière, il a eu ces mots d’encouragement, empreints d’un admirable opportunisme commercial, à l’adresse de nos pilotes de chasse : « Il se peut qu’on ait besoin de vos Rafale au Mali » . . . « Il faudra leur montrer toutes les qualités du Rafale » . . . « C’est aussi un élément très important de votre mission : montrer que les matériels français sont les plus performants... Merci pour votre double mission : à la fois opérationnelle et... commerciale !.... ».
La France pourra sans doute compter sur l’appui des Etats-Unis qui musclent petit à petit leur présence en Afrique (1) afin de contrer la pénétration insidieuse et méthodique des chinois. La guerre d’influence et de position pour l’accès aux matières premières du continent Africain a bel et bien commencé et risque de s’amplifier dans les années à venir. La guerre du Mali servira les intérêts américains dans la région et le territoire du Nord Mali est aussi un terrain de démonstration idéal pour les drones, awacks et autres petites merveilles technologiques des grandes firmes américaines.
Cela dit, « la France n’a aucun intérêt au Mali » . . . « elle est simplement au service de la paix »