
J’aurais aimé ne jamais avoir à traiter ce sujet. Je ne suis pas certaine d’en avoir la force mentale, et pourtant il le faudra. Une question s’impose face aux preuves qui s’accumulent des actes de violence insoutenables perpétrés par l’armée russe. 🧶 1/17
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) April 3, 2022
Je comprends très bien pourquoi les Ukrainiens appellent désormais l’armée russe « les Orques (du Mordor) ». Mais en tant que sociologue, je ne peux bien évidemment pas souscrire aux thèses de la monstruosité. Notre tâche est de comprendre ce qui s’est passé. 3/17
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) April 3, 2022
Deux remarques. 1ère : l’armée. L’armée russe n’est pas une armée de mercenaires entraînés exécutant de sang froid des ordres. Côté soldats, appelés et contractuels, nous avons de très jeunes hommes, à peine sortis de l’adolescence. Issus de milieux modestes. Provinciaux. 5/17
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) April 3, 2022
Côté officiers, même si certains sont également très jeunes, un autre facteur a pu jouer : l’expérience de la violence dans l’armée russe. Violences infligées (par exemple en Tchétchénie), violences subies (documentées depuis les années 1990), syndrome post-traumatique. 7/17
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La prise en charge des séquelles psychologique a beaucoup de mal à s’imposer dans les forces armées russes. En France, voir travaux d'Elisabeth Kozlowski. Le corps officier est en partie porteur de cette brutalité et des séquelles des guerres. 9/17 https://t.co/ntaIsfRiwK
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) April 3, 2022
Cependant, ces dernières années, on a vu émerger d’autres signes et d’autres messages. Des enfants en tenue de camouflage, des poussettes déguisées en tanks, des stickers d’une violence troublante, des « 1941-1945, nous pouvons le refaire », des "direction Berlin". 11/17 pic.twitter.com/IQV6fkxDsA
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En tout cas, bien évidemment, ce n’est pas un hasard si c’est le nazisme que le régime poutinien pointe comme adversaire en Ukraine. C’est contre le nazisme que la population a été conditionnée, à un niveau quasiment réflexe, depuis des années. 13/17
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Je ne suis pas compétente pour dire ce qui a poussé l’armée russe à éliminer en masse les civils dans les villes ukrainiennes occupées. Mais nous avons besoin de le comprendre, du début de la chaîne de commandement jusqu’à la balle tirée par l’exécutant. 15/17
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) April 3, 2022
On m’accusera peut-être de vouloir trouver des excuses aux bourreaux. Mais quand on étudie la violence, comprendre et rentrer dans la logique du bourreau n’est pas excuser. Cette compréhension nous sera indispensable. Humainement, politiquement, analytiquement. End 🧶 17/17
— Anna Colin Lebedev (@colinlebedev) April 3, 2022
jfv_be En réponse à @colinlebedev
L’ouvrage d’O. Bartov "Hitler’s Army" est éclairant pour comprendre comment la violence de l’armée sur les populations civiles était utilisé comme un moyen de maintenir la motivation au combat. Peut-on concevoir qu’un mécanisme semblable à joué dans l’armée russe en Ukraine 🇺🇦 ?
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(...) “Un témoignage glaçant qui confirme l’intensité des crimes de guerre perpétrés par l’armée russe contre les journalistes”, souligne Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Aujourd’hui à l’abri dans une ville ukrainienne, celui qui est qualifié par Reporters sans frontières de “miraculé” se remet encore de ses blessures.
Enlevé le 5 mars dans un village du centre de l’Ukraine, il raconte sous couvert d’anonymat son effroyable calvaire : “fusillade de son véhicule, séances de torture au couteau et à l’électricité, coups de crosse de fusils mitrailleurs sur le visage et sur le corps à plusieurs reprises, simulacre d’exécution, privation de nourriture pendant 48 heures...”, liste notamment l’ONG en introduction. (...)