A la suite de la publication de ces images par le "New York Times", le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a demandé vendredi une "enquête indépendante et efficace".
(...) Dans cette vidéo tournée par un militant des droits humains sur l’île grecque de Lesbos, en mer Egée, an avril, un groupe de migrants, dont un bébé, est conduit dans une camionnette blanche vers la pointe sud de l’île. Embarqués à bord d’un petit bateau, ils sont transférés ensuite à bord d’un bateau des garde-côtes grecs avant d’être abandonnés sur "un radeau de sauvetage gonflable noir à la dérive", selon le quotidien américain. Des bateaux des garde-côtes turcs les ont ensuite secourus.
"Refoulements continus et systématiques"
Le New York Times a affirmé avoir localisé les migrants dans un centre de détention d’Izmir où ils ont raconté aux journalistes leur odyssée. "Nous demeurons gravement préoccupés par les refoulements continus et systématiques à la frontière entre la Grèce et la Turquie", a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, rappelant que ces pratiques viennent enfreindre "le droit de demander une protection en vertu du droit international". Les autorités grecques ont déjà été à plusieurs reprises accusées de pratiquer refoulements illégaux vers la Turquie de personnes en quête d’asile dans l’Union européenne.
Le gouvernement du conservateur Kyriakos Mitsotakis a toujours nié recourir à de telles pratiques malgré les nombreux témoignages et vidéos recueillis par des ONG d’aide aux réfugiés et plusieurs médias internationaux.
Lire aussi :
– (Infomigrants)
Pushback : des garde-côtes grecs obligent des migrants à dériver en mer Égée
Mi-avril, des garde-côtes grecs ont placé sur un canot à la dérive en mer Égée un groupe de migrants, en majorité des enfants, dont un nourrisson. Le groupe se cachait sur l’île de Lesbos quand il a été victime de ce refoulement, strictement interdit par le droit européen et international. L’épisode a été révélé par le New York Times dans une vidéo accablante.
Alors que les autorités grecques continuent de nier la pratique des refoulements à chaud, interdite par le droit international, le New York Times vient de publier, ce vendredi, une enquête à partir d’une vidéo édifiante.
Le "pushback" en question a eu lieu le 11 avril, depuis l’île de Lesbos. Sur les images filmées par un activiste autrichien, du début à la fin de l’opération, on voit d’abord 12 migrants, parmi lesquels sept enfants dont un nourrisson de six mois tenu dans les bras, sortir d’un van banalisé. (...)
"des hommes masqués les ont rassemblés et dépouillés de leurs biens" avant de les forcer à monter dans ce van blanc et de les y "enfermer", retrace le NYT.
Arrivé sur le rivage, de nouveaux hommes masqués les obligent, un à un, à monter à bord d’un canot à moteur. Ils sont ensuite débarqués sur un navire des gardes-côtes grecs, cette fois tout à fait identifiable. Ce navire est "principalement financé avec des fonds de l’Union européenne", rappelle les enquêteurs.
Peu de temps après, le groupe est mis à l’eau sur un canot gonflable, identiques à ceux utilisés en cas d’urgence. Et laissé à la dérive.
Les vidéos, en retraçant l’opération de refoulement de A à Z, constituent "peut-être la preuve la plus accablante à ce jour de la violation des lois internationales et de l’UE par les autorités grecques", commente le NYT.
Saisie, la Commission européenne à Bruxelles s’est déclarée "préoccupée" par les images et a promis de prendre attache avec les autorités grecques, qui n’ont pas donné suite aux sollicitations des journalistes. (...)
Si c’est la première fois qu’une telle preuve vidéo existe, le collectif international de journalistes Lighthouse Reports a ainsi plusieurs fois enquêté sur ce type de pratiques. (...)
L’enquête avait abouti à la description d’une "nouvelle tactique" des garde-côtes grecs, "consistant à jeter de petits groupes de demandeurs d’asile par-dessus bord et les faire nager jusqu’en Turquie".
"Ils l’ont fait sans aucune pitié" (...)