
En matière de précarité, ce n’est pas, comme le préconisait le gouvernement précédent, le code du travail qu’il faut réformer mais le code des impôts.
Intermittents : il faut taxer les nouvelles formes de richesse
Nous avons beaucoup entendu depuis la débâcle électorale de la droite aux régionales que les réformes accomplies, entreprises ou à venir étaient absolument nécessaires et mal comprises ou mal acceptées. Sans doute la réforme de l’assurance-chômage des intermittents fait-elle partie dans l’esprit du gouvernement de ces potions amères que nos docteurs Diafoirus de la Faculté néolibérale prescrivent avec force lavements de cotisations, saignement des ayants droit et purge des emplois administrés à la malade France.
Trop d’allocataires, trop de malades, trop de recherche, trop de notes, trop de trop, une saignée, une saignée !
Nous connaissons un peu le spectacle, c’est notre métier, alors souffrez, Molière oblige, que nous rappelions ici quelques vérités de bon sens concernant tout d’abord notre cas, même si, en cours de route, on verra que le problème est général, d’intérêt général. (...)
Nous, intermittents, nous disons et prouvons depuis un an que la réforme mise en place n’est pas la réforme qu’il faut parce qu’elle est injuste et inefficace. Injuste, car elle n’obéit pas au principe de la solidarité avec les plus fragiles au sein d’une activité imprévisible. Inefficace, car elle ne dissuade nullement les opérateurs publics et privés, centraux et régionaux, de la culture de la communication et de la publicité, de détourner cette forme d’emploi. Certains compensent un sous-financement massif de leur activité, d’autres optimisent leurs profits.
Que nos bons docteurs ne nous traitent ni de sourds ni de simples d’esprit. Qu’ils ne comptent pas trop sur leur supplément de pédagogie ou de bâton pour nous mettre « leur » réforme dans la tête. C’est peine perdue. Nous avons étudié de très près la réforme mise en place. Si nous disons avec constance sur tous les toits [1] dans toutes les manifestations culturelles que nous n’en voulons pas, ce n’est pas parce qu’à l’instar d’ânes butés nous refuserions d’avancer, mais tout simplement parce que nous ne sommes pas d’accord.
Mieux encore, nous avons élaboré une alternative au protocole désastreux qui nous a été imposé [2]. C’est le fruit d’un travail collectif, d’une réflexion qui condense l’expérience en première ligne de centaines d’affiliés de l’Unedic, de confrontations kafkaïennes avec les administrations, consternantes avec les employeurs.
Les bobos et les maladies graves du système, nous les connaissons bien mieux que nos médecins imaginaires. (...)