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l’Express
Universités : baisse de 10% des candidatures hors UE
Article mis en ligne le 7 février 2019

(...) La baisse est nette. Le nombre d’étudiants étrangers, hors Union européenne, candidats à une licence à la fac est en baisse de 10 % pour la rentrée prochaine, a indiqué ce mardi Campus France, organisme public chargé de promouvoir à l’étranger le système d’enseignement supérieur français. Le gouvernement a annoncé à la mi-novembre une hausse des frais d’inscription pour ces étudiants. (...) (À partir de la rentrée 2019, les étudiants hors UE devront s’acquitter de 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et doctorat, contre 170 euros pour une année de formation en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat pour les jeunes Européens.)

(...) Opposition des facs
Dans le détail, plusieurs pays connaissent une hausse du nombre de candidats, comme le Sénégal (+11,34 %), le Mali (+5,66%), le Bénin (+8,21 %), la Russie (+8,95 %) ou la Chine (+8,62 %). Mais d’autres enregistrent une très forte baisse, comme l’Algérie (-22,95 %), le Vietnam (-19,72 %), la Tunisie (-16,18 %), le Maroc (-15,5 %), la Côte d’Ivoire (-10,39 %) ou encore la Turquie (-6,62 %). (...)

Ces chiffres sont publiés alors que la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers extra-communautaires, prévue pour la rentrée prochaine, mobilise plus que jamais ses opposants : une quinzaine d’universités ont fait savoir qu’elles utiliseraient toutes les possibilités réglementaires existantes pour permettre à ces étudiants de bénéficier du maintien du régime tarifaire actuel.

"À prendre avec beaucoup de prudence"
Interrogée mardi à l’Assemblée sur le nombre d’inscriptions répertoriées cette année, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, n’a pas mentionné la baisse de 10 %, mais a préféré évoquer "globalement", une "sorte de stabilité dans ces préinscriptions". "Ce sont des moyennes à prendre avec beaucoup de prudence", a-t-elle précisé, ne citant que les hausses enregistrées, au Sénégal, au Mali, ou au Bénin. (...)

Lire aussi : FRÉDÉRIQUE VIDAL : MINISTRE DU MENSONGE, DU RACISME D’ÉTAT ET DE L’APARTHEID DÉCOMPLEXÉ.
Elle a donc assumé. Assumé l’immonde saloperie qu’un pathétique guignol en charge d’une communication chancelante a eu l’idée de baptiser du nom de code "Bienvenue En France", une dénomination que même Orwell dans sa Novlangue n’aurait pas osé imaginer tant elle suinte toute la saloperie de l’antiphrase. Mais bref.

Elle a donc assumé. Frédérique Vidal a choisi d’assumer. D’assumer et de mentir. De mentir devant la représentation nationale le mercredi 6 février 2019 en présentant des chiffres à la fois faux et tronqués au service de la politique d’Apartheid financier et moral qu’elle met en place.

Voila le verbatim de son intervention, pris directement depuis la vidéo postée sur son compte Twitter : (...)

Mais. Quelle. Putain. De. Honte.
Mais quel pathétique trucage de chiffres au service de votre dégueulasse lâcheté. Dans le milieu universitaire en termes choisis et feutrés on appellerait cela un "biais de présentation". Mais comme visiblement vous avez balancé l’ensemble de l’université et de ses valeurs humanistes dans le puits sans fond de votre carriérisme, permettez-moi d’appeler cela du pur foutage de gueule. Ce qui pourrait n’être pas tellement grave si cela ne se doublait pas d’un flagrant délit de mensonge devant la représentation nationale.

Car les chiffres sont là, Frédérique Vidal. Les vrais chiffres sont là et ils sont non seulement têtus mais ils émanent de l’organisme public Campus France et ne sauraient donc être suspects. Ces chiffres les voici, Frédérique Vidal. Ecoutez-les bien. Entendez-les bien. Et comprenez pourquoi ils vous démasquent et vous dénoncent en même temps. Ces chiffres les voici.

Le nombre de demandes d’inscription d’étudiants étrangers a baissé de 10%. (...)

Comme enseignant, comme chercheur, comme universitaire, comme citoyen, comme père, j’ai honte.
Mais pas une petite honte, pas de celle qu’on met au fond de sa poche rangée entre deux kleenex d’orgueil déplacé, non, j’ai vraiment honte. Je ressens physiquement cette honte. Ce que vous faites est littéralement immonde. Vous avez le droit d’assumer toutes les saloperies que vous voulez à proportion de ce que votre dignité est en capacité d’absorber (et je ne me lasse pas de mesurer l’étendue de sa capacité d’absorption) mais vous n’avez pas le droit de mentir délibérément. De mentir aux députés, de mentir aux enseignants, de mentir aux chercheurs, de mentir aux étudiants français, et de mentir aux étudiants étrangers. Ce mensonge n’est pas seulement une insulte aux valeurs que porte l’université française, ce mensonge est une insulte aux rêves de tous ces étudiants étrangers, un crachat sur leurs aspirations.

L’université de Nantes a publié avant-hier (le 4 février) un communiqué indiquant, je cite :

"nous utiliserons toutes les mesures réglementaires afin de faire bénéficier tout étudiant extra-communautaire qui en fera la demande, du régime tarifaire appliqué pour les étudiants européens."

Alors certes ce sera loin, très loin d’être suffisant. Mais tout de même. C’est la 17ème université qui prend cette position. 17 fois que 17 président(e)s d’université et leurs équipes vous disent, et c’est totalement inédit, qu’il utiliseront toutes les mesures réglementaires pour déroger à cette loi dégueulasse. 17 gifles retentissantes.

Mais vous ne bougez pas d’un iota, promettant simplement de réunir "une commission de 5 personnalités", que vous nommerez, et qui sera chargée "de mener une concertation". Une solution de sortie de crise qui est parfaitement à l’image de l’étroitesse navrante de votre capacité d’analyse et d’empathie. C’est pathétique. Et vous n’avez à brandir qu’un caporalisme de caniveau face à ceux-là. Vous êtes pathétique.

Je crois que vous ne mesurez même pas le niveau de colère et de haine, oui, de haine, que cette mesure créée dans la communauté universitaire à votre endroit. Car après que vos sinistres prédécesseurs ont méthodiquement cassé le sens et les missions de l’université depuis la funeste LRU vous débarquez pour assassiner la dernière bouée qui nous maintenait encore à flot : celle des valeurs.

Aux 17 présidents d’université s’ajoute une brochette de stars et de personnalités qui, elles aussi, se sont mobilisées pour dénoncer cette ségrégation à l’université. (...)

Reculez. Faites marche arrière. Ou partez. Car cette lutte ne cessera jamais. Savez-vous pourquoi Frédérique Vidal ? Car il ne nous reste que cette lutte pour pouvoir continuer d’entrer dans une salle de cours en regardant en face nos étudiants, tous nos étudiants, ceux qui sont là, et ceux qui sont absents parce qu’ils étaient trop algériens, trop marocains, trop tunisiens, trop ivoiriens, trop pauvres, trop loin, et à qui vous hurlez "cassez-vous". Cette lutte ne cessera jamais. Toutes ces places vides dans nos amphis, dans nos salles de cours, nous ne les tolérerons jamais. Vous entendez ? Jamais.