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Vaccination : contre les “lourdeurs” de l’administration, vive “l’agilité” des start-up
/Samuel Gontier
Article mis en ligne le 14 janvier 2021
dernière modification le 13 janvier 2021

Sur LCI comme au 20 heures de France 2, les ratés de la campagne de vaccination sont imputés à une administration pléthorique et tatillonne. Curieusement, on oublie de mentionner des sociétés de conseil recrutées par le gouvernement : le privé, avec sa légendaire “agilité”, ne saurait commettre les erreurs de services publics archaïques.

« Ce qui va nous sortir de cette crise, c’est l’innovation, c’est le capitalisme, c’est la mondialisation, clame Nicolas Bouzou le 16 novembre dernier sur LCI. Si je voulais être un brin provocateur, je dirais que c’est la start-up nation. » Celle d’Emmanuel Macron. Sauf que… « Sauf que c’est pas la nôtre en l’occurence, c’est les États-Unis. » Celle de Donald Trump. « Dommage ! » regrette David Pujadas. « Oui, agrée l’économiste. Et ça devrait nous empêcher de dormir de savoir pourquoi c’est un Français qui dirige une entreprise américaine et c’est le marché américain qui sera le premier servi. C’est un autre sujet mais si vous avez la gentillesse de m’interroger… » Pas la peine, je connais déjà la réponse : si nos meilleurs start-uppers partent à l’étranger, c’est parce que la France est handicapée par le maquis d’une fiscalité confiscatoire et l’inflation de normes tatillonnes dus à des fonctionnaires aussi retors que privilégiés. (...)

Un mois plus tard, le 11 janvier, David Pujadas s’inquiète avec François Lenglet : « Vaccin, où sont nos start-up françaises ? » (...)

En l’absence de Nicolas Bouzou, François Lenglet se dévoue pour expliquer son exil. « On invoque toujours la fiscalité, c’est un peu facile, sans doute ça joue… » Elle n’est pas assez business friendly. « La réglementation aussi. » Avec toutes ses tracasseries. « Mais aussi un état d’esprit collectif, un manque d’appétit pour le risque, un manque de capacité à financer. » C’est étrange. Notre président nous a pourtant promis qu’avec les sommes gagnées grâce à la suppression de l’ISF et l’instauration de la flat tax, les riches allaient inonder notre économie d’investissements. Il faut croire que ça n’a pas bien ruisselé. (...)

En attendant, la start-up nation est paralysée par une administration tentaculaire, seule responsable des errements de la campagne de vaccination. « Qu’apprend-on à l’ENA ?!, s’emporte Éric Brunet le 6 janvier. Si y a des défauts d’agilité, si on n’est pas assez souple… » Ah, la souplesse, l’agilité ! Ces qualités dont sont bourrées les entreprises privées. « … Si au moment où il y a une crise on est en situation de panique ?! Qu’apprend-on à l’ENA !?! » Je ne sais pas. À se créer un réseau pour bénéficier plus tard des « portes tournantes » entre administrations publiques et privées ? « Ça veut dire que quelque part l’État a dormi sur ses lauriers pendant des décennies ? » Ce serait oublier la révision générale des politiques publiques (RGPP) de Sarkozy devenue « modernisation de l’action publique » sous Hollande puis « transformation publique » sous Macron. Toutes ont pour but, selon Wikipédia, « la réforme de l’État, la baisse des dépenses publiques et/ou l’amélioration des politiques publiques » mises en œuvre grâce aux précieuses préconisations de sociétés de conseil comme McKinsey, qui a généreusement participé au saccage de l’hôpital public en plus d’être impliquée dans le scandale des opiacés aux États-Unis. (...)