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Valeurs Actuelles perd un tiers de ses revenus publicitaires...suite à la publication par l’hebdomadaire d’un roman fiction concernant la députée Danièle Obono
/Nils Wilcke, Journaliste.
Article mis en ligne le 13 avril 2021

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Coup dur pour Valeurs Actuelles. Selon les informations de Capital, Taboola, qui commercialise la grande majorité des espaces publicitaires du site de l’hebdomadaire, a résilié son contrat. Motif invoqué : la publication fin août 2020 par l’hebdomadaire d’un roman fiction représentant en esclave la députée LFI Danièle Obono. Pour la régie en ligne, cet article est “ouvertement raciste, discriminatoire, offensant” et “se trouve en parfaite contradiction avec les valeurs de Taboola”.

Valeurs actuelles a indiqué à la justice qu’une telle résiliation le “prive de tous ses revenus publicitaires sur internet, représentant plus d’un tiers de ses revenus publicitaires globaux”. Le montant exact n’est pas connu. Mais l’on sait que, tous supports confondus, la publicité a rapporté 3 millions d’euros nets en 2019 au groupe Valmonde, qui édite Valeurs actuelles et Mieux vivre votre argent. Et que le site de Valeurs actuelles a rassemblé en janvier 2,9 millions de visiteurs uniques.

Pour mémoire, Taboola, régie publicitaire israélienne, propose à la fois des publicités mais aussi des liens vers d’autres articles. Avant de signer un contrat de trois ans avec Taboola en janvier 2020, Valeurs actuelles était client de son concurrent Ligatus, mais a résilié son contrat en novembre 2019. L’hebdomadaire pourra donc difficilement se retourner vers Ligatus, pas plus que vers le troisième acteur du marché, Outbrain, qui a racheté Ligatus il y a deux ans. (...)

Valeurs Actuelles a alors attaqué Taboola en référé devant le tribunal de commerce de Paris. Taboola ne s’est pas présenté au tribunal, qui a tranché en faveur de Valeurs actuelles. (...)

Mais Taboola a fait appel, avec succès. Le 7 avril, la cour d’appel de Paris lui a donné raison, et a condamné Valeurs actuelles à lui verser 5.000 euros de frais de justice. (...)

En parallèle, l’hebdomadaire a attaqué Taboola sur le fond, toujours devant le tribunal de commerce, où il devra démontrer plus simplement que la résiliation est infondée. Le verdict sera rendu au plus tôt dans un an. (...)

Valeurs actuelles avait déjà des difficultés à engranger des annonceurs depuis qu’il est dans le collimateur de Sleeping Giants. Ce collectif d’activistes a pour objectif d’assécher les ressources publicitaires des médias relayant des “discours de haine”. Pour cela, il repère les annonceurs présents sur ces médias, puis les interpelle sur Twitter selon le principe du name and shame. (...)

En l’espèce, ces ‘géants endormis’ estiment que“Valeurs Actuelles a quitté la simple ligne politique très, très à droite, pour s’embourber de plus en plus dans le discours purement idéologique, intolérant, anxiogène, complotiste et victimaire”. Ils affirment que 59 annonceurs se sont retirés suite à sa campagne lancée fin 2019, dont 36 ont accepté de l’assumer publiquement, parmi lesquels Coca Cola, But, Carrefour, Lidl, Asus, PSA Banque, Red by SFR, Nespresso, Hyundai... D’autres annonceurs ont préféré se retirer sans l’annoncer, pour échapper aux foudres de l’hebdomadaire. Car Valeurs actuelles a contre-attaqué en publiant à son tour les noms des annonceurs ayant retiré leur publicité “suite aux intimidations de la mafia d’extrême gauche Sleeping Giants”. Cette contre-liste comprend notamment Dell, Salesforce ou Easyjet.

Pour mémoire, les annonceurs du web choisissent rarement les sites sur lesquels leurs publicités apparaissent, et donc s’y retrouvent par hasard. Mais ils peuvent indiquer aux régies qu’ils ne veulent pas se retrouver sur tel ou tel site. Sleeping Giants demande donc aux annonceurs d’inscrire Valeurs actuelles sur leur “liste noire”. (...)

Rachel, co-fondatrice de Sleeping Giants France, explique : “depuis notre campagne, les publicités via Google sont de plus en plus rares sur le site de Valeurs actuelles, et proviennent de marques de moins en moins connues. Les publicités Taboola sont devenues de plus en plus présentes, mais il s’agit généralement d’annonces de troisième zone et peu rentables, souvent de la pseudo-médecine ou des attrape-clic. Les grandes marques dans la galerie Taboola sont devenues très très rares. Lorsque nous en voyons une, nous alertons alors cet annonceur. Il s’agit souvent d’une marque ayant déjà retiré ses publicités de Google Adsense, mais qui avait oublié de le faire pour Taboola”.

Contactés à plusieurs reprises, ni Valeurs actuelles ni Taboola n’ont répondu.