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Médecins sans frontières
Venir en aide aux migrants et réfugiés en Libye
Article mis en ligne le 28 juin 2017

Libye : « Etre médecin ne suffit plus à sauver des vies »
Lors de leur passage en Libye, la plupart se retrouvent dépouillés, sous la coupe de réseaux criminels, exploités, abusés, emprisonnés, battus, torturés, et certains y trouvent la mort. Comment leur venir en aide pour une organisation humanitaire médicale telle que MSF ? Depuis 2016, MSF intervient dans des centres de détention à Tripoli et dans la région de Misrata depuis quelques mois.

1) MSF a commencé à intervenir dans des centres de détention de la région de Misrata. Comment cela se passe ? Quelle est la situation dans ces centres de détention ?
Dans la région de Misrata, MSF intervient depuis quelques mois dans trois centres de détention placés sous l’autorité de la DCIM, l’agence en charge de la lutte contre l’immigration clandestine.

Le nombre de personnes qui y sont détenues fluctue de semaine en semaine. Elles ont été interceptées en mer par les garde-côtes libyens, arrêtées en masse en ville, suite à un contrôle, etc. Certaines arrivent ici en provenance d’autres centres de détention de Tripoli. Nous rencontrons parfois des gens qui ont vécu et travaillé en Libye pendant des années. Etre contrôlé positif à l’hépatite C par exemple suffit à envoyer en détention un migrant établi avec sa famille en Libye.

Les équipes MSF ont commencé à mener des consultations médicales à l’intérieur des centres, où dans la majorité les problèmes de santé des patients sont directement liés à leurs conditions de détention et à la violence qui marque leur périple : maladies de peau, gale, diarrhées, infections respiratoires, douleurs musculaires, blessures, mais aussi des troubles psychosomatiques.

MSF prend aussi en charge les références vers des établissements de soins secondaires et spécialisées pour les détenus qui en ont besoin, comme par exemple pour des cas de fracture. Des produits d’hygiène, des couvertures, ont également été distribués.

S’il est possible d’améliorer à la marge les conditions matérielles de la détention, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : ces gens sont emprisonnés, en théorie dans l’attente de leur expulsion, suite à un processus opaque qui ne respecte pas leurs droits.

2) D’après l’OIM, il y aurait environ 7 100 détenus dans les 27 centres de détention formellement gérés par la DCIM, principalement à Tripoli. Peux-tu nous en dire plus sur la situation des autres migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en Libye ?
En effet, l’OIM a identifié plus de 380 000 migrants présents en Libye. Les personnes incarcérées dans les centres de détention placés sous l’autorité de la DCIM ne représentent qu’une faible proportion des immigrants et candidats à l’exil.

Une partie d’entre eux sont venus pour travailler en Libye, autrefois un eldorado économique pour de nombreux ressortissants de pays voisins. D’autres travaillent pour réunir le prix de la traversée vers l’Europe et alternent des passages en détention avec des situations qui s’apparentent à du travail forcé. D’autres démarrent juste leur périple dans le désert libyen.

La traversée du désert Libyen et les séjours dans les centres « officieux », c’est-à-dire les maisons de passage et les hangars gérés par des réseaux criminels, sont décrits comme un calvaire par ceux qui y survivent et continuent d’être un angle mort pour nous.

En 2016, on estime que 5 000 personnes au moins se sont noyées dans la Méditerranée, et en juin le bilan se porte déjà à près de 2 000 personnes pour l’année 2017. Mais combien meurent avant d’atteindre les côtes et de monter sur les embarcations de fortune ? Tout porte à croire qu’il s’agit d’une hécatombe silencieuse. (...)