
Le Forum social des quartiers populaires s’est réuni pendant trois jours, fin septembre, dans le quartier du Petit-Bard à Montpellier. Un quartier symbole du délitement urbain et cadre d’une lutte mémorable de ses habitants pour la reconquête de leurs droits. Les participants, venus de plusieurs agglomérations et banlieues, ont pris acte des limites de l’action associative et franchissent le pas : ils entrent officiellement en politique. Une décision qui n’était pas tout à fait inattendue.
...« Que les institutions le veuillent ou non, le pouvoir doit être partagé avec les habitants ! Créer une force politique permet notre auto-organisation, c’est notre responsabilité, parce que personne ne luttera à notre place, au Petit Bard, à la Paillade, à Lyon, Saint-Etienne ou Paris ! » Salah Amokrane, de Toulouse, renchérit : « On a vécu les limites de nos expériences locales, le national nous fait défaut. Et si on n’existe pas, jamais les sujets qui nous concernent ne seront traités dans le champ politique »...
...« Vous êtes ici au cœur d’un système féodal, celui de George Frêche. Un système dont nous sommes les gueux. Pourtant, il y a ici au Petit-Bard les gens les plus conscientisés de la République. Nous sommes les nouveaux Sans-culottes ! »...
...C’est cette nouvelle génération qui intervient, parle des rats près des poubelles pleines « qui vivent mieux que nous », des dettes phénoménales de leurs parents trompés par les syndics et manipulés par la SERM (Société d’équipements de la région montpelliéraine, une entreprise immobilière) qui est censée rénover la cité et rachète à vil prix les appartements, l’argent évaporé, le taux de chômage à plus de 30%… Ce sont ces jeunes qui ravalent leur fureur devant les « cadeaux de la Mairie » : une proprette « Maison pour Tous », une jolie médiathèque et… un commissariat clinquant, pendant que les immeubles et la situation sociale continuent à se dégrader...