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Slate.fr
Viande de synthèse : il y a un os
17 octobre 2015
Article mis en ligne le 19 novembre 2018
dernière modification le 17 novembre 2018

Fabriquer de la viande in vitro pourrait s’avérer aussi énergivore que d’élever du bétail

Pour l’opinion publique, ce nouveau processus de fabrication de viande in vitro sera une alternative écologique à l’élevage de bétail et permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie et l’utilisation des terres et de l’eau associée à la production de viande. Certains avancent même que le passage à la viande de laboratoire pourrait sauver la planète. En effet, de premières recherches laissent penser que la viande de synthèse pourrait avoir une empreinte carbone moins prononcée que la viande traditionnelle. Or la réalité pourrait s’avérer plus compliquée que cela. Nous venons de terminer une étude qui suggère qu’escamoter la viande de nos hamburgers pourrait avoir des effets mitigés sur l’environnement.

(...)

Fabriquer de la viande in vitro demande plus d’énergie industrielle –souvent produite en brûlant des combustibles fossiles– que le porc, la volaille et peut-être même le bœuf. Conséquence, le potentiel de réchauffement climatique de la viande de synthèse est susceptible d’être plus élevé que celui de la volaille et du porc, mais moins que celui du bœuf.(...)

les animaux exécutent différentes fonctions pour fabriquer de la masse musculaire : ils doivent digérer la nourriture, faire circuler les nutriments et l’oxygène, maintenir une température corporelle optimale et se protéger des maladies. C’est l’énergie fournie par la nourriture qui alimente ces processus dans l’organisme, mais les vianderies devront utiliser une énergie industrielle, c’est-à-dire des combustibles fossiles, pour accomplir les mêmes tâches. Par exemple, contrairement aux animaux, la viande fabriquée dans une usine n’aura pas de système immunitaire. Cela signifie que tout ce qui la touchera devra être stérilisé pour éviter la contamination par de dangereux microbes. Le chauffage de l’eau et l’utilisation de produits chimiques pour la stérilisation pourraient nécessiter beaucoup d’énergie.(...)

Pour compliquer encore un peu la donne, la viande n’est pas le seul produit dérivé des animaux consommés. Des composants non comestibles comme le sang, les organes internes, la peau et les plumes sont utilisés dans toutes sortes de domaines comme la tannerie, les cosmétiques, l’industrie pharmaceutique et de nombreux produits ménagers et industriels. La production de viande traditionnelle permet souvent d’obtenir ces substances à petit prix. Certaines n’ont pas de substituts fabriqués par les hommes, tandis que d’autres ont des alternatives parfois considérées comme de moins bonne qualité (pensez au cuir synthétique ou au cuir vegan). Quoi qu’il en soit, les substituts synthétiques pourraient avoir un plus grand impact environnemental que les sources animales, ou coûter plus cher, sinon les deux.(...)

En outre, les impacts environnementaux à grande échelle de la viande de synthèse vont dépendre de son degré d’adoption, de l’énergie utilisée pour la production, des méthodes de fabrication, des schémas changeants de la production de bétail et, le cas échéant, des substances découvertes pour remplacer les produits dérivés d’origine animale. Pour compliquer encore plus les choses, des changements dans d’autres domaines, comme l’expansion de la production des biocarburants, pourraient contrebalancer la diminution de l’utilisation des terres agricoles.(...)

Étant donné l’impact potentiel d’une consommation à l’échelle mondiale, mieux vaut explorer les opportunités et les inconvénient des nouveaux produits et des nouvelles technologies avant de nous mettre à construire des usines, à concevoir des logos et à avoir des fringales nocturnes pour des nuggets de dodo.