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France3
Victoire des ex-Goodyear d’Amiens aux prud’hommes : la fermeture était injustifiée, ils seront indemnisés
Article mis en ligne le 29 mai 2020

13 ans après le plan social et 6 ans après la fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens, les prud’hommes ont donné raison aux plus de 800 anciens salariés, injustement licenciés et victimes d’un préjudice psychologique.

ne victoire sur tous les tableaux. Ce jeudi à 14h, les prud’hommes d’Amiens ont rendu leur décision sur la fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens en 2014 et le licenciement de 832 salariés, avec des méthodes managériales violentes selon les syndicalistes et leur avocat : les juges leur donnent raison, le motif économique est annulé, la direction de Goodyear est condamnée pour licenciement abusif.

Les salariés devront donc être indemnisés et le jugement s’applique dès à présent, avec obligation de payer rapidement sous peine de devoir payer davantage. "C’est une victoire totale", se réjouit Fiodor Rilov. (...)

Un appel du groupe américain reste possible, mais la procédure semble tout de même arriver à son terme. En 2018, les conseillers prud’hommaux s’étaient dits incompétents. Un juge départiteur avait alors été saisi, pour une nouvelle audience en janvier 2020. C’est lui qui vient de rendre sa décision. (...)

En janvier 2014, ils ont été plus d’un millier à voir leur usine d’Amiens-Nord refermer ses portes définitivement. Après plus de sept années de combats judiciaires pour contester cette fermeture, après une reprise avortée, et après une séquestration très médiatisée de deux cadres pour laquelle certains d’entre eux ont été condamnés.

Cette décision des prud’hommes pourrait permettre de tourner, une fois pour toutes, la page Goodyear à Amiens. (...)

Goodyear, un groupe profitable
Et qui dit fermeture d’ampleur, dit procès hors norme. Par deux fois, ils ont plaidé leur cause. D’abord en octobre 2018, puis après report, en janvier 2020, lors d’une audience exceptionnellement délocalisée dans la salle de spectacles Mégacités. Les avocats de Goodyear-Dunlop ont mis en avant les dettes colossales du groupe.

Une ligne qui ne tenait pas pour l’avocat des salariés, Fiodor Rilov : "Pendant qu’on licenciait plus de mille personnes au sein de l’usine d’Amiens-Nord de Goodyear, le groupe américain faisait simultanément 2,5 milliards de dollars de profits !" (...)

"On a plaidé la destruction mentale", explique Mickaël Wamen. Cet aspect psychologique a bien été reconnu par le juge. Une première, à notre connaissance.

L’inspection du travail avait alerté, plusieurs fois, la direction de la firme américaine. Alors que la fermeture était contestée, les salariés devaient arriver à l’heure, s’habiller, pointer, et se rendre à leurs postes de travail, y rester pendant 8 heures… sans avoir aucun pneu à produire. "Nos dirigeants ont été ridiculisés, s’emportent Mickaël Wamen, ils ont décidés de nous user pour nous décourager. A la fin, on n’avait plus des managers Goodyear, on avait des ‘cost-killers’ de sociétés extérieures qui étaient là juste pour nous coincer." (...)