
La vraie victoire du jour, et celle-là, elle est sans bavures : Vincenzo Vecchi, condamné à 12 ans de prison pour sa présence lors du contre-G8 de Gênes en 2001, ne sera pas remis aux autorités italiennes. La cour d'appel d'Angers récuse le mandat d'arrêt européen de l'Italie.
— Thomas Lemahieu (@Humaginaire) November 4, 2020
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Et si, dans le sort réservé à un seul homme, se jouait une bonne part des questions contemporaines autour de droits aussi fondamentaux que celui de la défense ou autour de la lente infestation répressive de notre système judiciaire ? L’hypothèse mérite d’être explorée dans le cas de Vincenzo Vecchi, condamné à plus de douze ans de prison pour sa participation, en 2001, aux mobilisations contre le G8 de Gênes (Italie) et aujourd’hui réclamé par la justice italienne après son arrestation à Rochefort-en-Terre (Morbihan), l’année dernière. Auteur de romans et de récits publiés chez Actes Sud – parmi lesquels 14 Juillet, l’Ordre du jour (prix Goncourt 2017) et la Guerre des pauvres –, l’écrivain Éric Vuillard, membre du Comité de soutien à Vincenzo Vecchi, invite, dans cet entretien à l’Humanité, à une anatomie de l’affaire. Au scalpel, il fait apparaître tous les enjeux pour cet homme qui risque de croupir longtemps dans un cachot en Italie, d’abord, mais aussi pour toute la société.s (...)
– La justice française refuse à nouveau de remettre le militant Vincenzo Vecchi à l’Italie
Nouvelle victoire pour la défense de Vincenzo Vecchi. Après Rennes, la cour d’appel d’Angers a elle aussi refusé, mercredi, de remettre à l’Italie le militant altermondialiste, réfugié en Bretagne après sa condamnation, suite aux émeutes en marge du G8 de Gênes en 2001.
Dans une décision très motivée, lue en détail à l’audience, la juridiction angevine a jugé qu’elle ne pouvait exécuter le mandat d’arrêt européen émis par l’Italie, car la peine principale de dix ans de prison encourue par M. Vecchi pour "dévastation et pillage" n’avait pas d’équivalent en France.
"C’est une grande victoire au niveau du droit et du bon sens car l’infraction de dévastation et pillage était d’inspiration fasciste", a réagi Pascale Jaouen, membre du comité de soutien de M. Vecchi et ancienne magistrate.
Cette incrimination, introduite dans le code pénal italien à l’époque de Mussolini, concentre en effet les critiques de la défense et du comité de soutien de M. Vecchi, formé à l’été 2019 après son arrestation à Rochefort-en-Terre (Morbihan). (...)
M. Vecchi a été condamné alors qu’il se trouvait simplement "à proximité" des lieux de dégradation d’une banque et d’un véhicule, "une notion aux contours flous" qui ne saurait "à elle seule constituer un élément constitutif de la complicité", a expliqué la cour.
Les magistrats ont donc refusé la remise de M. Vecchi à l’Italie mais aussi l’exécution de sa peine en France pour une infraction qui n’existe pas en droit français.