
L’intervention de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en Libye, au début de l’année 2011, s’inscrit dans la lignée des actions militaires menées au nom des droits humains par la « communauté internationale ». Consacré à « ces guerres qu’on dit humanitaires », le dernier numéro de Manière de voir (1) invite à la prudence face au risque de banalisation de ce type de conflit. Existe-t-il un « usage moral de la violence » ? Peut-on parler de « guerres justes » ? Les articles, accompagnés de cartes, bibliographies, fiches thématiques et témoignages, reviennent sur les expériences des vingt dernières années et proposent de passer outre « le bel habillage militaro-humanitaire ».
On perçoit alors combien le mouvement humanitaire non gouvernemental s’expose au risque d’instrumentalisation : tantôt éclaireur et voiture-balai des forces armées internationales ; tantôt cache-misère de l’incurie des responsables politiques face à des situations avérées de violence envers les populations civiles.
Dans la deuxième partie — « Le feu de l’action » —, les auteurs (Pierre Conesa, Philippe Leymarie, William O. Beeman, Alain Gresh, Beth O. Daponte...) décryptent les « effets secondaires » de chaque opération. Ils rappellent comment le « protocole compassionnel » proposé aux opinions publiques occidentales est relayé, voire stimulé, par les principaux médias des pays belligérants. Mais cette compassion, comme son traitement médiatique, est éphémère (...)
Dans la troisième partie (« La force et le droit »), Monique Chemillier-Gendreau, Philip S. Golub, Olivier Corten, Anne-Cécile Robert, etc., présentent les moyens juridiques dont disposent les Etats et les organisations internationales pour maintenir la paix et éviter le massacre de civils. (...)
Il existe enfin des outils juridiques destinés à favoriser le règlement pacifique des crises de la « société internationale », dénomination préférée à celle de « communauté internationale ». Les arbitrages et la médiation sont trop souvent oubliés.
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