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l’Humanité
Violences policières. « La prochaine fois, ce sera pas des gifles »
Article mis en ligne le 10 novembre 2020

Dans la nuit du 31 décembre 2018, à Saint-Denis, trois agents arrêtent la voiture de Sofiane B. Le conducteur conteste, il reçoit plusieurs coups de poing au visage et des gifles derrière la tête. Une fois le « contrôle » terminé, le jeune homme est si sonné qu’il ne peut pas reprendre le volant. Sept jours d’interruption temporaire de travail lui sont prescrits. Deux ans plus tard, cette affaire est jugée, parmi d’autres, devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny - qui consacre le premier jeudi de chaque mois à des affaires de violences policières.

« Des tapotements amicaux »

Fabrice B. n’est pas présent au tribunal pour se défendre. Avant le procès, il a commencé par ne reconnaître qu’une seule gifle. Mais l’ami de Sofiane B., présent ce soir-là, avait enregistré le son du contrôle avec son téléphone : on y distingue des bruits de coups. Fabrice B. concède avoir pu en donner quelques-uns, « non violents ». Sur la piste audio, on l’entend y joindre insultes et menaces : « À combien tu estimes ma main dans ta gueule ? », « bienvenue dans le 93 », « la prochaine fois, ce sera pas des gifles ». Les deux collègues témoins le couvrent. (...)

Neuf mois de prison avec sursis (six étaient requis par le parquet), plus 2 000 euros de réparations et interdiction d’exercer son métier pendant deux ans.

À en croire une autre partie civile, Fabrice B. est récidiviste. (...)

Dans une autre affaire, un enregistrement audio permet à nouveau à la justice d’identifier et de condamner un policier coupable de violences, cette fois à l’encontre d’un collègue. (...)
« Il venait quand même de me traiter de guignol, rétorque Sylvain L., agité à la barre lorsqu’il est confronté aux photos du visage tuméfié de son collègue. Je l’ai poussé et sa tête a rencontré le mur, ce sont des violences involontaires. » « Vous êtes policier et vous ne savez pas ce qu’est une violence involontaire ? » s’inquiètent les magistrats.

Devant la cour, celui qui manie le katana sur sa page Facebook affirme, pourtant, que les arts martiaux lui ont enseigné le sang-froid. Une nouvelle fois, la peine va au-delà des réquisitions du procureur : quatre mois avec sursis et interdiction d’exercer son activité. Les condamnations des deux agents sont inscrites dans leurs casiers judiciaires. Ce qui devrait, selon la loi, les empêcher de retrouver leurs fonctions.