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Le Monde
Violences sexuelles : « Sans les médias, la justice serait restée silencieuse »
Article mis en ligne le 28 février 2021

Les enquêtes ouvertes sur des affaires de viols ou d’inceste même prescrites sont essentielles pour les victimes, affirment, dans une tribune au « Monde », les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth, en réponse à ceux de leurs confrères qui dénoncent « un tribunal médiatique ».

Dans une tribune publiée dans Le Monde du 15 février, des confrères s’indignent du fait qu’à la suite de la révélation publique d’une infraction sexuelle, le parquet assumerait le principe de l’ouverture systématique d’une enquête, en dépit de la prescription des faits dénoncés, méprisant ainsi supposément la présomption d’innocence et le principe du procès équitable. Ils affirment que c’est une « boîte de Pandore » que le parquet ouvrirait en décidant d’enquêter tout en sachant par avance les faits prescrits. En conséquence serait construite artificiellement une culpabilité en dehors de toute procédure équitable.

D’abord, n’en déplaise à nos confrères, que cela soit pour les crimes sexuels ou les grandes infractions financières, depuis des décennies, en France comme en Europe, les médias ont été absolument décisifs dans la révélation de faits parfois extrêmement graves. Sans eux, les victimes se seraient senties incapables d’agir et, sans eux, la justice serait restée silencieuse. C’est un fait. (...)

L’utilisation répétée dans leur tribune de l’expression « tribunal médiatique » est offensante pour les victimes. Elle insinue, d’une façon fatalement péjorative à leur endroit, que la révélation par le truchement de la presse de ce qu’elles ont subi ne serait pas légitime et serait surtout périlleuse dans ses effets juridiques. Certes, il existe des effets d’aubaine et d’opportunité qui parfois entachent la démarche des victimes dans leur révélation d’infractions sexuelles. Pour autant, ces seules postures ne sauraient disqualifier l’incroyable changement de société que la libération de la parole des victimes va et doit provoquer, c’est-à-dire mobiliser notre intelligence collective pour que cessent des logiques de domination et de soumission et leur corollaire, l’obsession de l’impunité. (...)