
Le gouvernement a prêté 7 milliards d’euros à Air France pour affronter la crise du coronavirus. Or, le secteur aérien représente 5 % des émissions de gaz à effet de serre mondial, et si rien n’est fait, elles devraient tripler d’ici 2050. Imaginons que celui-ci voit son expansion stoppée, ne bénéficie plus des cadeaux fiscaux et financiers des États, tandis que d’autres formes de voyages, accessibles à tou·tes, sont réinventées.
Texte – Didier Lestrade
Illustration – Samuel Smith
Et si on arrêtait de prendre l’avion ?
L’épidémie de Covid-19 a provoqué l’arrêt de pans entiers de l’économie et particulièrement les voyages. En 2020, l’été et les vacances ne seront pas comme les autres. L’industrie aéronautique pourrait ne pas s’en remettre avant au moins deux ans, et des milliards seront nécessaires pour relancer un secteur industriel particulièrement polluant.
On a beaucoup parlé dans les médias de la honte du vol (« flygskam » en suédois), à un moment où les populations réalisent les dégâts causés par ces voyages de loisir. Le respect de la nature est en totale contradiction avec la visite, au hasard, des temples d’Angkor au Cambodge. Les touristes ne découvrent plus ces destinations, ils ne les regardent pas vraiment, ils font des selfies. Et on peut se demander si le tourisme alternatif de découverte n’est pas encore plus pervers : arrêtons d’aller faire chier les populations amérindiennes en Amazonie ou ailleurs ! Ce nouvel impérialisme du loisir est plus que jamais un signe de prestige et d’égoïsme.
La pandémie actuelle renouvelle avec urgence le débat sur la décroissance. (...)