
Depuis l’intervention d’une coalition internationale menée par l’Arabie saoudite contre les Houthis en mars 2015, le conflit au Yémen s’est étendu, entraînant une crise de grande ampleur pour la population. Médecins Sans Frontières est un des rares acteurs humanitaires présents dans ce pays où l’accès est extrêmement restreint.
La résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies en avril 2015, qui impose notamment un embargo sur les livraisons d’armes aux Houthis, s’est traduite dans les faits par le bombardement des équipements stratégiques de nature à conférer un avantage aux rebelles houthis (routes, aéroports, ports, hôpitaux..).
Toujours au nom de cet embargo, la coalition menée par l’Arabie saoudite a imposé des mesures de plus en plus restrictives sur les importations dans le nord-ouest du pays, entraînant des pénuries extrêmes sur les biens de première nécessité. Le sud-ouest du pays n’a pas été épargné par les combats, comme lors de la bataille d’Aden en 2015, pendant laquelle la rébellion houthiste a bombardé des zones résidentielles densément peuplées, ou dans des villes comme Taïz, située sur la ligne de front, dans laquelle la population qui n’a pas pu fuir est piégée.
Déjà défaillant avant le début du conflit, le système de santé du Yémen s’est effondré : on estime que plus de la moitié des infrastructures sanitaires sont détruites, et plus de 20 millions de personnes auraient besoin d’une aide humanitaire au Yémen (ONU, 2017), sur une population estimée à 27 millions d’habitants. En raison des restrictions d’accès imposées par les belligérants, des conditions sécuritaires extrêmement précaires, et des difficultés pour les journalistes d’entrer et de travailler au Yémen, les informations indépendantes et fiables sur le conflit et l’état du pays sont extrêmement difficiles à obtenir. (...)
Une importante épidémie de choléra s’est propagée dans le pays en 2017, à la faveur d’un état déplorable des installations sanitaires et de l’accès limité à l’eau potable. À la fin de l’année, MSF avait traité plus de 100 000 patients dans ses centres de traitement du choléra. Les conditions sanitaires sont telles que la diphtérie est réapparue au Yémen, alors que le dernier cas de cette maladie infectieuse mortelle avait été enregistré en 1992. « La guerre et le blocus en cours font reculer le système de santé yéménite des décennies en arrière », constatait en décembre 2017, Marc Poncin, coordinateur d’urgence pour MSF dans le gouvernorat d’Ibb. (...)
L’effondrement du système sanitaire
Les conséquences du conflit sur les populations civiles sont dramatiques. L’accès aux produits de première nécessité est coupé pour les populations du nord-ouest, difficile pour celles du sud-ouest, et dans tout le pays, le système de santé s’est effondré. Des dizaines de centres de santé ont été détruits, ceux qui fonctionnent sont souvent désertés par le personnel de santé, et souffrent d’un approvisionnement aléatoire. Une grande partie des fonctionnaires du pays, y compris hospitaliers, n’est plus payée depuis août 2016. (...)