Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
blogs de Médiapart
Yémen : l’implication de la France ne se dément pas
Article mis en ligne le 25 mars 2019

Depuis le début du conflit au Yémen, il y a 4 ans, plus de 17 640 civils ont déjà été tués ou blessés, principalement lors de frappes aériennes, et la situation humanitaire déjà catastrophique s’en est trouvée exacerbée. Le gouvernement français n’a pourtant pas eu de cesse de minimiser ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.

La situation humanitaire est catastrophique et toutes les parties au conflit commettent de très graves violations du droit international. Les membres de la Coalition emmenée par l’Arabie saoudite, les Houthis et autres forces armées recourent à des pratiques illégales, y compris des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des actes de tortures et autres mauvais traitements.

Si le conflit est difficile à couvrir, le travail de journalistes et d’ONG comme Amnesty International permet de ne rien ignorer de ces violations des droits humains. Pourtant, la France continue de fournir des armes à l’Arabie saoudite et aux membres de la coalition. Des armes utilisées dans ce conflit de manière avérée même si les autorités françaises ne cessent, en particulier depuis l’affaire Khashoggi, de démentir l’importance des ventes d’armes françaises et de nier qu’elles ont une responsabilité dans la guerre au Yémen. Et pourtant. (...)

Notre organisation a pu rassembler des informations sur 36 frappes aériennes de la coalition qui constituent des violations du droit international humanitaire ; des frappes qui ont fait 513 morts (dont au moins 157 enfants) et 379 blessés parmi les civils. Certaines de ces attaques semblent par ailleurs avoir délibérément pris pour cible des civils ou des infrastructures civiles (hôpitaux, écoles, marchés ou mosquées) et qui consistent en des crimes de guerre. Nous avons aussi pu rendre compte de l’utilisation de bombes à guidage laser de type Paveway, fournies par les États-Unis et le Royaume-Uni ainsi que d’emploi de missiles Hakim pouvant être délivrés par les mirages 2000-9 émiriens. Ces munitions peuvent être guidées par le pods Damocles. Le risque que cet équipement ait pu ou puisse encore contribuer à faciliter des violations graves du droit international humanitaire est donc considérable.

Face à de telles évidences, la France doit immédiatement cesser les transferts d’armes à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite tant que subsiste le risque évident qu’elles soient utilisées pour commettre ou faciliter de graves violations du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits humains au Yémen. Le gouvernement français doit également faire preuve de transparence pour que le Parlement et la société civile puissent enfin contrôler les ventes et transferts d’armes de la France à l’étranger.