
A 13 ans, Youssouf concentre tous les maux qui ont miné la Centrafrique ces dernières années. Le 24 mars dernier, il prenait Bangui l’arme à la main dans les rangs de la Séléka.
(...) A l’ombre du manguier du camp militaire de Bangui où il est tenu au secret avec trois autres enfants soldats, Youssouf, 13 ans, ne décolère pas. Il se sent trahi par les rebelles de la Séléka qui, le 24 mars, ont marché sur la capitale centrafricaine pour installer au pouvoir leur chef, Michel Djotodia.
Ces mêmes miliciens aimeraient aujourd’hui s’acheter une crédibilité internationale, et savent que la présence d’enfants soldats dans leurs rangs fait tache. Surtout depuis que des militaires sud-africains, qui défendaient le palais présidentiel alors occupé par le président déchu François Bozizé, se sont dits traumatisés après avoir découvert que les rebelles combattus et tués n’étaient pour la plupart que des « gamins ». Pour les cacher, la Séléka a placé bon nombre d’entre eux dans des familles originaires du nord de la Centrafrique, d’où viennent la plupart de leurs membres, comme Youssouf.
Mais lui est resté au camp. C’est le président Djotodia en personne qui l’avait déposé ici au lendemain de la prise de la capitale, après l’avoir trouvé montant la garde à un poste de sécurité mis en place par la Séléka. (...)
« La LRA tue les enfants qui sont malades, trop lents… Un soir, je me suis échappé », poursuit-il. Après trois jours de marche, il est récupéré vers Rafaï par les troupes américaines fraîchement lancées à la poursuite de Kony en ce mois de mai 2012. Youssouf est alors pris en charge par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui le rapatrie sur Birao dans le cadre d’un programme de réunification des enfants soldats avec leurs familles. Mais, sur place, Youssouf n’a plus personne. (...)
"Combien de personnes j’ai tué ? Je ne sais pas. La guerre, c’est la guerre, c’est tout. Moi, il y a bien longtemps que je ne suis plus un enfant. Mon seul espoir maintenant, c’est d’être enfin formé comme un vrai militaire. » (...)
« Je veux être un soldat, je ne sais rien faire d’autre que la guerre. »