
La liberté leur était promise à la suite d’un accord négocié par Joe Biden avec l’État insulaire. Le nouveau président l’a balayée, faisant rebasculer leur destin dans l’incertitude.
La lumière au bout du tunnel n’est plus qu’une lueur. À Cuba, 553 prisonniers politiques ont récemment obtenu la promesse de la fin de leur détention. Si 150 d’entre eux ont bien été libérés, les autres pourraient voir leurs espoirs être brusquement balayés.
Beaucoup, parmi eux, ont été arrêtés après avoir participé à des mobilisations antigouvernementales. Officiellement, Cuba a pris la décision de les libérer à l’issue d’un accord avec l’Église catholique. Peu après, ce 14 janvier, Joe Biden, alors président des États-Unis, a décidé de retirer Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme (SSOT). Une mesure qui a surpris, et que la plupart des Cubains ont interprétée comme une contrepartie à la libération des opposants. (...)
Mais l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait bien tout renverser. À peine investi, le nouveau président des États-Unis a réintégré Cuba dans la liste des SSOT, renversant l’accord établi par Joe Biden avec l’État insulaire. Le 15 janvier, Marco Rubio, secrétaire d’État cubano-américain de la Maison Blanche, déclarait avant son entrée en fonction : « Il n’y a aucun doute dans mon esprit que [Cuba] remplit toutes les conditions pour être un État soutenant le terrorisme. » Juan Pappier, directeur adjoint de Human Rights Watch pour les Amériques, le désavoue : « Cuba viole systématiquement les droits humains, pour autant, ce n’est pas un État qui soutient le terrorisme. »
Outre-mer, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le président cubain, Miguel Díaz-Canel, a réagi à la décision de Trump en déclarant que le président américain faisait preuve « d’arrogance et de mépris pour la vérité ». (...)
Incertitude, attente et angoisse
En ce qui concerne les opposants politiques encore en détention, plus rien n’est sûr. Leurs familles non plus ne connaissent pas leur sort et subissent l’attente, angoissées. Certaines portent leur voix sur les réseaux sociaux (...)
La plupart des prisonniers libérés ne se sont pas encore exprimés, chacun étant menacé par la précarité de sa liberté conditionnelle. Daniel Ferrer, un dissident cubain bien connu, lui, s’est précipité sur Radio Martí, une antenne financée par le gouvernement américain, et y a déclaré : « N’ayez pas peur de lutter pour que Cuba soit libre, prospère et juste. » (...)
Si 150 opposants ont effectivement été affranchis, leur liberté pourrait demeurer fragile. « Le gouvernement a accordé aux prisonniers la liberté conditionnelle mais ne les a pas graciés ; en théorie, ils peuvent être renvoyés en prison très rapidement » (...)