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À mi-chemin de la COP30, le grand réveil espéré tarde à se manifester
#COP30
Article mis en ligne le 16 novembre 2025

Si les participants à la COP30 sont rapidement parvenus à se mettre d’accord sur un agenda, d’importants obstacles demeurent à mi-parcours. La contribution des pays riches et l’abandon des fossiles suscitent de vives oppositions.

(...) « Il y a des discussions assez difficiles en ce moment sur la question de l’adaptation [au changement climatique] », relate une source de la délégation française. Les pays essaient de définir une centaine d’indicateurs destinés à mesurer les progrès dans ce domaine. Problème : une cinquantaine de pays africains cherchent à repousser cette discussion de deux ans, craignant de ne pas pouvoir répondre à ces critères… faute de moyens financiers suffisants.

Pour y remédier, ceux-ci demandent un triplement des financements consacrés à l’adaptation d’ici 2030, pour atteindre 120 milliards de dollars. Une revendication qui n’enthousiasme guère les pays riches. (...)

Déterminés à trouver des compromis avant une session plénière prévue le 15 novembre, André Corrêa do Lago, la ministre de l’Environnement Marina Silva et la ministre des Peuples indigènes Sonia Guajajara multiplient les allers-retours dans les couloirs de la zone bleue, réservée aux négociateurs, pour rencontrer les différentes délégations.

Marchant d’un pas pressé et le regard fixé droit devant eux, le trio est toujours suivi d’une cohorte de collaborateurs, s’efforçant de tenir à distance les journalistes susceptibles de ralentir leur mission.
Colère des peuples indigènes

De nombreux peuples indigènes estiment toutefois que les efforts de la présidence restent insuffisants. Le 11 novembre au soir, des dizaines de personnes autochtones ont fait irruption de force dans la zone bleue pour réclamer une participation accrue aux négociations et exiger la fin des énergies fossiles, absentes de l’ordre du jour. Ironie du sort, les multinationales des hydrocarbures continuant de ravager leurs terres ont, elles, envoyé à Belém pas moins de 1 600 émissaires. Une concentration de lobbyistes record, d’après la coalition Kick Big Polluters Out.

Malgré le renforcement de la sécurité demandé par les Nations unies après ces altercations, des peuples autochtones ont de nouveau crié leur colère le 14 novembre au petit matin devant l’entrée du site de la COP. Objectif : protester notamment contre les crédits carbone, qu’ils considèrent comme de « fausses solutions » au changement climatique. Certaines délégations ont dû patienter longtemps avant de pouvoir accéder au lieu des négociations par une deuxième entrée improvisée.

Ces appels seront-ils entendus ? Une coalition, formée pour l’instant d’une soixantaine de pays, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni, les îles Marshall et la Colombie, est en train de se former pour pousser à l’élaboration d’une feuille de route de sortie des fossiles, conformément à ce que le président Lula avait souhaité dans son discours d’ouverture du Sommet des dirigeants. (...)

Par ailleurs, « la France traîne des pieds » dès qu’il s’agit de mettre la main au portefeuille pour financer la sortie des fossiles des pays en développement, assure Fanny Petitbon, de l’ONG 350.org. « Il y a une hypocrisie de la France qui plaide à l’international pour la sortie des fossiles tout en refusant au niveau national d’organiser la transition énergétique », ajoute Lorelei Limousin, de Greenpeace.

Ce plan pourra-t-il être incorporé au texte final des négociations ? Lors de la COP28 de Dubaï en 2023, les pays s’étaient engagés pour la première fois à abandonner les énergies fossiles. Désormais, « la question c’est comment opérationnaliser [cet engagement] », précise le diplomate.

La Colombie, dont le président Gustavo Petro plaide pour la fin de l’exploitation pétrolière, travaille déjà sur un brouillon de texte qui doit être dévoilé la semaine prochaine. Une opération périlleuse : le 12 novembre, le journal brésilien Folha de São Paulo a indiqué qu’au moins 70 pays, dont l’Arabie saoudite et la Russie, étaient fermement opposés à cette feuille de route.