
En visite aux États-Unis, le président ukrainien Volodymyr Zelensky accentue la pression pour que son allié américain débloque des fonds. Tout retard dans l’aide à l’Ukraine est un "rêve devenu réalité" pour le président russe Vladimir Poutine, a-t-il affirmé depuis Washington, lundi.
"Nous espérons pouvoir compter sur vous." Le président ukrainien a lancé, lundi 11 décembre, un nouvel appel depuis Washington en faveur du déblocage d’une enveloppe pour son pays en guerre, très débattue au Congrès américain.
Les États-Unis sont le plus important soutien militaire à Kiev depuis l’invasion russe en février 2022. Mais la promesse du président démocrate Joe Biden de continuer à appuyer financièrement l’Ukraine est sérieusement mise en péril. (...)
Le Congrès américain a échoué la semaine dernière à voter un volet de plus de 61 milliards de dollars. Ces fonds sont essentiels pour l’Ukraine, dont la contre-offensive à l’été n’a pas apporté les gains territoriaux espérés.
Avec sa visite à Washington, Volodymyr Zelensky compte accentuer la pression sur l’allié américain. (...)
"L’engagement de l’Amérique à soutenir l’Ukraine contre l’agression russe est inébranlable", a tenté de rassurer le ministre américain de la Défense Lloyd Austin, présent à ses côtés.
Le président ukrainien s’est ensuite rendu au Fonds monétaire international (FMI) pour rencontrer sa directrice Kristalina Georgieva. L’institution a dans la foulée annoncé le versement à l’Ukraine de 900 millions de dollars, dans le cadre d’un plan d’aide annoncé en mars.
Attendu au Congrès américain mardi
Mais mardi sera sans aucun doute la journée la plus cruciale de son déplacement. En début de matinée, Volodymyr Zelensky ira au Congrès américain, qui a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis le début de l’invasion russe, mais n’a pas voté de nouvelle enveloppe depuis décembre dernier.
La puissante institution est embourbée dans des négociations très tendues autour de l’approbation de nouveaux fonds. Les démocrates sont pour, les républicains pas exactement contre, mais exigent en retour de leur vote des changements majeurs dans la politique migratoire des États-Unis.
Sur ce point, les discussions patinent. Les élus n’ont en théorie que jusqu’à vendredi – quand commencent les vacances parlementaires – pour parvenir à un accord. Or, la Maison Blanche a déjà prévenu qu’elle serait "à court d’argent" pour l’Ukraine d’ici la fin de l’année.
"S’il y a bien quelqu’un qui se réjouit des tractations sans fin au Capitole, c’est Poutine et sa clique de détraqués", a accusé Volodymyr Zelensky lundi. (...)
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– (Slate.fr)
Voilà, c’est fini : les États-Unis n’aideront plus l’Ukraine
Le poids de la présidentielle américaine 2024 se fait lourdement sentir.
Lundi 4 novembre, la Maison-Blanche a déclaré être « à court d’argent » pour aider l’Ukraine. Elle a ajouté : « Sans action du Congrès d’ici à la fin de l’année, nous serons à court de ressources pour acheter des armes et des équipements à l’Ukraine et pour fournir du matériel provenant des stocks de l’armée américaine. »
Début novembre, le speaker (président) de la Chambre des représentants a pourtant signalé son intention de faire voter une nouvelle aide militaire pour Israël et l’Ukraine avant Noël, tout en la conditionnant pour Israël à des coupes budgétaires dans le service des impôts des États-Unis (IRS) et, dans le cas de l’Ukraine, à des changements importants dans la politique de contrôle des frontières ainsi qu’à un audit indépendant portant sur les sommes versées. (...)
Lundi 4 novembre, la Maison-Blanche a déclaré être « à court d’argent » pour aider l’Ukraine. Elle a ajouté : « Sans action du Congrès d’ici à la fin de l’année, nous serons à court de ressources pour acheter des armes et des équipements à l’Ukraine et pour fournir du matériel provenant des stocks de l’armée américaine. »
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En effet, les Républicains demeurent convaincus qu’une part significative de l’aide à l’Ukraine est détournée (nos sources à Washington évoquent le chiffre de 50%, ce qui semble extravagant et peu crédible) ; la Heritage Foundation, très influente auprès des conservateurs, juge trop timides les demandes actuelles sur le contrôle aux frontières ; certains Démocrates veulent conditionner l’aide à Israël à une solution humanitaire à Gaza... Bref, la Chambre des représentants n’a jamais été aussi divisée. Les plans d’aide sont loin d’être votés.
Il y a quelques mois, nous expliquions que la guerre en Ukraine dépendait du calendrier électoral américain. Si cela reste le cas, quatre facteurs ont encore modifié la donne.
- À onze mois des élections, les Républicains sont de plus en plus tributaires de leur branche MAGA (« Make America Great Again »), résolument anti-Ukraine.
- L’échec de la contre-offensive couplé aux progrès russes sur le front a entaché la crédibilité de Volodymyr Zelensky et aussi d’une partie de son état-major. (...)
- Les nombreuses rumeurs de corruption, de luttes intestines, d’isolement de Volodymyr Zelensky, de plus en plus critiqué, notamment par le maire de Kiev, ont beaucoup nui à l’image de l’Ukraine à Washington.
- L’attaque du Hamas le 7 octobre a détourné l’attention du front de l’Est. (...)