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"Afflux à grande échelle" de migrants : la Lituanie dépose une plainte contre la Biélorussie devant la Cour internationale de justice
#Lituanie #Bielorussie #migrants #immigration #CJUE #UE
Article mis en ligne le 22 mai 2025
dernière modification le 19 mai 2025

Le gouvernement lituanien a saisi lundi la plus haute juridiction de l’ONU. Il cherche "à tenir le régime biélorusse responsable" de la "contrebande de migrants à grande échelle" vers la Lituanie, depuis 2021. Depuis cette date, Vilnius mène une politique assumée anti-migrante qui consiste à refouler les exilés à sa frontière ou à emprisonner ceux qui entrent irrégulièrement sur son sol.

Dans sa plainte, la Lituanie a réclamé des compensations, notamment pour la construction de sa barrière frontalière, a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Cette dernière haute de quatre mètres, et équipée d’un système de vidéosurveillance, s’étend sur environ 550 km des 700 kilomètres de sa frontière avec la Biélorussie.

Afflux de migrants depuis 2021

La Lituanie, mais aussi la Lettonie et la Pologne, enregistrent un afflux important de migrants depuis 2021, date à partir de laquelle la Biélorussie a assoupli ses règles d’obtention de visa pour les ressortissants des pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Des milliers de personnes ont ainsi tenté depuis de passer irrégulièrement vers l’Union européenne via ces trois pays, tous membres de l’Otan et de l’UE (...)

Bruxelles et les responsables des trois pays en question accusent Minsk d’"attaque hybride" dirigée contre l’Union européenne, lancée en réponse aux sanctions européennes imposées au pays. Ces sanctions ont eu lieu à la suite de l’élection contestée d’Alexandre Loukachenko à la tête de la Biélorussie en 2020. (...)

Pour tenter d’enrayer l’arrivée de migrants, Vilnius avait aussi adopté une politique dite de "pushbacks" - bien qu’elle ait été accusée en février 2025 par la Cour européenne des droits de l’homme de refoulements illégaux.

Détention automatique de migrants

Cette politique anti-migrante est assumée par les autorités : en 2021, Vilnius s’était autorisé par exemple à emprisonner les demandeurs d’asile entrés illégalement sur son sol. Leur détention, prévue dans un premier temps pour une durée de six mois, a été allongée à 12 mois en décembre 2021 via des amendements. La Cour constitutionnelle du pays a finalement estimé en juin 2023 que ces détentions étaient contraires à la Loi fondamentale.

Ces emprisonnements de migrants avaient déjà été pointés du doigt en 2022 par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). (...)

En 2021 et 2022, InfoMigrants a reçu nombre de témoignages de personnes racontant leur quotidien en détention en Lituanie. Plusieurs exilés, enfermés par exemple dans le centre Pabradé (dans l’est du pays) ou de Medininkai (à deux kilomètres de la frontière biélorusse), ont fait état d’intimidation et de racisme de la part des gérants du camp et, parfois, des garde-frontières. (...)

En 2021, InfoMigrants s’était rendu en Lituanie. La rédaction avait pu parler à certains migrants enfermés dans des camps à ciel ouvert, notamment celui de Rudninkai. Tous se plaignaient de leur emprisonnement et de l’absence de réponses des autorités quant à leur sort.

Les défenseurs des droits pointent aussi régulièrement les atteintes au droit d’asile dans ces structures. Pour Amnesty, "le système d’assistance juridique en place est une imposture". (...)

Les médias et les associations d’aide aux migrants ont aussi évoqué des cas de migrants bloqués dans des forêts pendant des semaines, avec d’un côté les gardes-frontières lituaniens, polonais ou lettons les empêchant d’entrer et, de l’autre, les officiers biélorusses les empêchant de revenir. Des dizaines de décès de migrants ont depuis été signalés par les associations, principalement en Pologne.