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Mediapart
Amendes à répétition : quand la police s’acharne sur les « indésirables »
#migrants #immigration #France #racisme #discriminations
Article mis en ligne le 12 avril 2025
dernière modification le 9 avril 2025

Salah et Sidi, âgés de 20 et 22 ans, reçoivent des amendes depuis leur adolescence et cumulent à eux deux plusieurs dizaines de milliers d’euros de dettes. Un phénomène documenté par une étude publiée mercredi, avec le soutien du Défenseur des droits.

Dans plusieurs quartiers de Paris, des adolescents et jeunes adultes sont considérés comme des « indésirables » – c’est le terme employé dans le logiciel de main courante de la police – qui n’ont rien à faire dans l’espace public. Au nom de la « tranquillité publique », la police leur inflige des amendes à répétition pour différents motifs : infractions sanitaires lors de la période covid, tapage, dépôt de déchets, crachats, non-port de gants à scooter. (...)

Une étude inédite, soutenue par le Défenseur des droits et publiée mercredi 9 avril, se penche pour la première fois sur ces pratiques policières qui ciblent « des jeunes hommes, racisés et précarisés, pour leur présence en groupe dans les espaces publics des quartiers où ils habitent, étudient ou travaillent ». La plupart des contrôles ont lieu à moins de 500 mètres de leur domicile. (...)

Les chercheuses Magda Boutros et Aline Daillère ont mis en commun leurs travaux sur les « contrôles-éviction » dans le XIIe arrondissement de Paris (qui ont donné lieu à une plainte collective et un procès) et sur la « multiverbalisation » observée depuis dans plusieurs quartiers de la capitale. (...)

Incapables de payer les sommes dues, qui pèsent aussi sur leurs familles, ces jeunes subissent des majorations successives, des procédures de recouvrement et voient leurs premiers salaires saisis. Confrontés à une procédure de contestation particulièrement complexe, ils mettent en place des stratégies d’évitement, privilégient les banques en ligne ou se tournent vers l’économie informelle, voire illégale.

La Défenseuse des droits, Claire Hédon, est alertée sur le phénomène de multiverbalisation « dans toutes [s]es rencontres avec les jeunes, que ce soit dans le nord de Paris, à Trappes ou à Marseille ». C’est ce qui l’a conduite à commander cette étude, « à la croisée de [s]es différents domaines de compétences : la déontologie des forces de sécurité, les discriminations, les droits des enfants, l’accès au droit et aux services publics ». Claire Hédon demande « la suppression de ce terme d’indésirable » du logiciel de main courante rempli par les policiers et appelle à « une réflexion » plus globale sur le sujet et ses implications sociales. (...)