
Tout juste renommé ministre de la Justice, Gérald Darmanin choisit de poursuivre la création de prison de haute sécurité.
Le Syndicat de la magistrature dénonce l’extension d’un régime qui impose des conditions de détention indignes et inhumaines à des personnes qualifiées par l’administration de « dangereuses » sans critère ni fondement transparent.
À peine renommé, Gérald Darmanin annonce l’ouverture de quatre nouveaux quartiers de haute sécurité d’ici 2027. Ce projet intervient quelques mois après l’inauguration de la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil et à quelques jours de l’ouverture de celle de Condé-sur-Sarthe. Ces établissements ont déjà suscité une vive opposition du Syndicat de la magistrature ainsi que d’autres acteurs du champ pénitentiaire. Des 100 personnes détenues initialement ciblées, il s’agirait désormais de 700 personnes dont la « très grande dangerosité » justifierait ces nouvelles ouvertures. Le choix de Saint-Laurent-du-Maroni parmi les quatre nouveaux sites retenus constitue en outre un rappel inquiétant de l’époque coloniale du bagne guyanais.
Cette annonce intervient alors même que la République vient de célébrer Robert Badinter qui avait fermé les quartiers de haute sécurité en 1982, dénonçant l’« indignité d’un État de droit qui se nie lui-même ». À rebours de cet héritage humaniste, notre actuel garde des Sceaux, qui n’a pas manqué de saluer cette panthéonisation non sans un certain cynisme, décide de rétablir une vision ultrasécuritaire de la prison où les personnes qualifiées de dangereuses sont privées de leurs droits les plus élémentaires et sont soumises à un isolement quasi total.
Il est indiscutable que ce dispositif, regroupant des personnes considérées comme dangereuses dans un même lieu sans leur apporter aucune perspective de réinsertion, ne peut prétendre protéger durablement la société.
Surtout, le Syndicat de la magistrature dénonce l’extension d’un régime qui impose des conditions de détention indignes et inhumaines à des personnes qualifiées par l’administration de « dangereuses » sans critère ni fondement transparent, la notion de dangerosité étant en elle-même insaisissable.
Le Syndicat de la magistrature rappelle que la France est signataire de la Convention internationale contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants et qu’il ne lui su\it pas de reconnaître des « grands hommes » pour la respecter.