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Oxfam France/communiqué, 4 avril 2024
Au nord de Gaza, la population est contrainte de survivre avec moins de 245 calories par jour, soit moins qu’une demie baguette de pain, alerte Oxfam
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #famine #malnutrition #Oxfam
Article mis en ligne le 14 avril 2024

Cette quantité minuscule représente moins de 12 % des besoins caloriques journaliers moyens.

Depuis janvier, la population du nord de Gaza est contrainte de survivre avec 245 calories en moyenne par jour, soit moins qu’une demie baguette de pain, tandis que l’armée israélienne poursuit ses attaques militaires. D’après les estimations, plus de 300 000 personnes sont toujours piégées dans le nord et dans l’impossibilité d’en sortir.

La quantité dérisoire de nourriture à laquelle elles ont accès représente moins de 12 % de l’apport journalier moyen recommandé de 2 100 calories par personne, calculé sur la base de données démographiques qui tiennent compte des variations dues à l’âge et au sexe. La semaine dernière, le gouvernement israélien a informé l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), le premier fournisseur d’aide à Gaza, que ses convois ne seraient plus autorisés à entrer dans le nord de la bande de Gaza.

L’analyse d’Oxfam est basée sur les dernières données disponibles utilisées dans le récent rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) sur la bande de Gaza. En outre, Oxfam affirme que, depuis octobre 2023, la quantité totale de livraisons alimentaires autorisées à entrer dans la bande de Gaza pour l’ensemble des 2,2 millions de personnes qui s’y trouvent ne couvrait en moyenne que 41 % des besoins caloriques individuels journaliers.

Cela fait près de deux décennies que le gouvernement israélien a des chiffres très précis sur la quantité exacte de calories nécessaires pour prévenir la malnutrition à Gaza. Ses calculs tiennent compte de l’âge et du sexe et sont basés sur le document Food Consumption in the Gaza Strip – Red Line (Consommation alimentaire dans la bande de Gaza – Ligne rouge). Le gouvernement israélien s’est non seulement basé sur une estimation plus élevée de 2 279 calories par personne, mais il a également pris en compte la production alimentaire nationale à Gaza, pratiquement inexistante aujourd’hui en raison des attaques de l’armée israélienne.

Une mère piégée dans le nord de Gaza confie : « Avant la guerre, nous étions en forme et en bonne santé. Maintenant, regardez-nous, mes enfants et moi avons perdu tellement de poids à cause du manque de nourriture adéquate. Nous nous efforçons tous les jours de survivre avec ce qu’il y a, des plantes sauvages comestibles ou des herbes. »

Par ailleurs, Oxfam a constaté que moins de la moitié du nombre de camions alimentaires nécessaires pour atteindre l’apport quotidien de 2 100 calories par personne sont actuellement autorisés à entrer dans la bande de Gaza. Sur la base des données de l’IPC et de l’UNRWA, l’analyse d’Oxfam a conclu qu’il faudrait faire entrer chaque jour au minimum 221 camions livrant uniquement de l’aide alimentaire pour répondre aux besoins de la population (ce chiffre ne tient pas compte du gaspillage et des distributions inégales). Actuellement, seuls 105 camions d’aide alimentaire entrent en moyenne chaque jour dans la bande de Gaza.

D’après le rapport de l’IPC, la famine est imminente dans le nord de Gaza. Presque toute la population souffre maintenant de faim extrême, et 1,1 million de personnes font face à une insécurité alimentaire catastrophique. Des enfants meurent déjà de famine et de malnutrition, devenues d’autant plus meurtrières en raison des maladies.

Les effets dévastateurs de la faim sont aggravés par la destruction quasi totale des infrastructures civiles de Gaza par Israël, notamment les hôpitaux, les services d’eau et d’assainissement et les centres de soins communautaires, ce qui accroit la vulnérabilité de la population face aux épidémies. Outre la pénurie alimentaire, la population de l’ensemble de la bande de Gaza est dans l’incapacité de se procurer ou d’acheter des denrées alimentaires nutritives et variées. Les rares fruits et légumes disponibles, dont le prix a flambé en raison de la pénurie, sont devenus inaccessibles pour la majeure partie de la population. Les produits nutritionnels spécialisés et les centres de traitement des enfants malnutris sont également difficiles, voire impossibles à trouver.

Amitabh Behar, directeur général par d’Oxfam International, déclare : « Israël choisit délibérément d’affamer des civil·es. Imaginez qu’en plus de devoir survivre avec 245 calories par jour, vous devez accepter impuissant·e que vos enfants et vos parents âgés en fassent de même. Le tout en étant déplacé·e, en n’ayant pratiquement pas accès à l’eau propre, à des toilettes, ni aux soins médicaux, et sous la menace constante des drones et des bombes.

Israël ignore à la fois l’arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) de prévenir le génocide et les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Il y a seulement une semaine, la CIJ a ordonné à Israël de nouvelles mesures provisoires et déclaré que la famine n’était plus imminente mais qu’elle « s’installait » à Gaza. Tous les pays doivent suspendre immédiatement leurs livraisons d’armes à Israël et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir un cessez-le-feu immédiat et permanent. Ce n’est qu’après cela qu’on pourra mettre fin au massacre horrifiant de 2,2 millions de personnes qui vivent un calvaire depuis six mois. Israël ne peut plus continuer à utiliser la famine comme arme de guerre. »

Oxfam appelle à un cessez-le-feu permanent, à la libération de l’ensemble des otages et des prisonniers/ères palestinien·nes détenu·es illégalement, à la suspension immédiate des livraisons d’armes à Israël et à l’accès total de l’aide humanitaire. La réponse mondiale à la crise à Gaza doit porter à la fois sur la fourniture de denrées alimentaires adéquates et nutritives pour tou·te·s, le relèvement total des hôpitaux et des services de santé, la réparation des infrastructures d’eau et d’assainissement et l’autorisation de l’ensemble des matériaux de reconstruction de franchir la frontière.