
À 94 voix pour et 38 contre, l’adoption de la motion de rejet visant le projet de réforme de l’audiovisuel public met brutalement fin à l’examen de la proposition de loi, qui revient donc à la case départ. Un revers de taille pour la ministre de la culture, qui en avait fait une affaire personnelle.
Dès l’ouverture des débats dans l’hémicycle, un petit exercice d’arithmétique permettait de saisir l’ampleur du camouflet qui attendait Rachida Dati. Sur les plus de 160 député·es que comptent les bancs du socle présidentiel, une trentaine seulement étaient présent·es. Pour la ministre de la culture, qui comptait sur la mobilisation des troupes dirigées par Gabriel Attal et de ses alliés, c’est raté.
Du côté du groupe Les Républicains (LR), où la ministre est à nouveau encartée, l’enthousiasme pour sauver le projet de réforme de l’audiovisuel public n’était guère plus impressionnant : six députés pour un groupe qui en compte quarante-neuf. Alors, lorsque la motion de rejet préalable sur le projet visant à rassembler Radio France, France Télévisions et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) au sein d’une holding exécutive a été soumise au vote, la partie était déjà jouée. (...)
Finalement, et pas à une contradiction près, le groupe RN a pris de court la ministre et a joint ses voix à celles de la gauche pour voter la motion de rejet préalable déposée par Les Écologistes (...)
À 94 voix pour et 38 contre, l’adoption de la motion de rejet met brutalement fin à l’examen de la proposition de loi du sénateur Lafont, qui va donc revenir à la case départ, en l’occurrence au Sénat. Les amendements proposés par le gouvernement et adoptés en commission des affaires culturelles tombent également et c’est le texte adopté en première lecture au Sénat qui retourne au Palais du Luxembourg.
Rachida Dati refuse de jeter l’éponge
Rachida Dati s’active déjà pour faire réinscrire le texte au plus vite au Sénat – dès le 7 juillet, selon une source parlementaire –, dans l’espoir de le voir examiné ensuite à nouveau à l’Assemblée nationale en septembre. Une gageure quand on sait à quel point le calendrier parlementaire est surchargé de textes jugés autrement plus prioritaires par le gouvernement. (...)
Initialement promotrice d’une fusion pure et simple des chaînes et radios publiques, la ministre s’était déjà essayée par trois fois à inscrire cette réforme à l’agenda du Palais-Bourbon. Elle avait fait de cette réforme une affaire personnelle, multipliant les attaques contre les patronnes des chaînes et radios publiques (...)
L’examen de la proposition de loi a finalement révélé le peu d’entrain de la représentation nationale, macronistes en tête, à soutenir un projet que la ministre a eu toutes les peines du monde à justifier. (...)
La députée écologiste Sophie Taillé-Polian (Val-de-Marne) a ensuite défendu sa motion de rejet, sous les applaudissements des rangs à gauche de l’hémicycle, eux largement remplis : « Nous doutons de la sincérité du gouvernement. Ce texte prétend renforcer [le service public] alors qu’il le démantèle, il fait de mine de louer son indépendance et organise sa soumission au pouvoir politique. » (...)
« C’est une victoire parlementaire, mais aussi une victoire syndicale », s’est félicitée Sophie Taillé-Polian dans un communiqué, appelant la ministre à « tirer la conclusion qui s’impose et renoncer à cette réforme ».
Pour les salariés mobilisés, un contretemps bienvenu (...)
Les salarié·es de l’audiovisuel public, dont une bonne partie étaient en grève ce jour (67 % de grévistes dans les rédactions de Radio France selon le Syndicat national des journalistes), ont pu pousser un grand ouf de soulagement. Une manifestation commune aux salarié·es de la radio et de la télévision, ainsi que de l’INA et de France Médias Monde (RFI et France 24), entre le ministère de la culture et l’Assemblée nationale, était en cours lorsque Soraya Morvan-Smith, journaliste à France 24, a appris la nouvelle (...)