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Mediapart (accès libre)
Barbara Nowacka, ministre polonaise : « L’expérience du populisme est dangereuse et dévastatrice »
#Pologne #extremedroite #populisme
Article mis en ligne le 11 juillet 2024
dernière modification le 9 juillet 2024

La Pologne a été gouvernée par l’extrême droite pendant huit ans. Une large coalition a renversé la table en octobre 2023, mais le chemin est encore long pour retrouver un État égalitaire et progressiste, raconte la ministre de l’éducation Barbara Nowacka.

C’est une ministre d’un grand pays européen qui s’exprime. Une féministe qui a combattu l’extrême droite pendant les huit années où celle-ci fut au pouvoir, en Pologne. Une figure venue de la gauche, laquelle n’était même plus représentée au Parlement. (...)

Barbara Nowacka, aujourd’hui ministre de l’éducation à Varsovie, raconte à Mediapart combien les années PiS (Droit et justice, ultraconservateur) ont abîmé son pays. Droits des femmes, lutte contre le changement climatique, place sur la scène internationale… Si, depuis les élections d’octobre 2023 et la formation d’un gouvernement en décembre, une large coalition allant de la gauche à la droite libérale est revenue aux manettes du cinquième pays européen, rétablir une politique sociale et écologique n’a rien d’évident. L’extrême droite au pouvoir agit vite, et laisse des dégâts durables après son passage. Entretien. (...)

Les droits des femmes ont été constamment violés, et certaines en ont perdu la vie. Au moins trois femmes qui s’étaient rendues à l’hôpital avec des complications de grossesse sont tout simplement mortes faute de soins : les médecins avaient peur d’intervenir à cause de la loi du PiS sur l’avortement. Voilà des conséquences bien réelles…

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c’est l’ensemble des droits humains qui ont été détériorés. Le PiS a attaqué la communauté LGBT – il n’existe toujours pas de pacte d’union civile en Pologne –, à travers les médias, à partir du moment où il a transformé l’audiovisuel public en organe de propagande.

Ses attaques se sont également tournées vers le corps enseignant quand celui-ci s’est mis en grève, en 2019, pour réclamer des augmentations de salaire. Le gouvernement PiS a alors organisé une campagne de haine dans les médias publics contre les profs, puis contre toutes celles et ceux qui manifestaient.

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Cela a eu des effets très concrets : il y a eu une vague de démissions dans l’Éducation nationale. Les salaires n’ont pas été augmentés et les profs, qui ont généralement l’esprit ouvert, qui enseignent la vérification des faits et la démocratie, étaient très remontés contre le populisme… Ils se sont donc logiquement détournés du gouvernement après cette campagne de haine qui a miné le prestige de la profession. Aujourd’hui, nous avons un déficit de 14 000 postes à combler.

Autre dérive du PiS au pouvoir : il a financé ses campagnes politiques avec de l’argent de l’État, ce qui est totalement illégal.

Cela a provoqué énormément de violence, en particulier pour la communauté LGBT, mais aussi pour les femmes et celles et ceux qui ne partageaient pas les valeurs du PiS, comme les athées

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La mobilisation des jeunes pour le climat a été constamment dénigrée, moquée publiquement. Aucune politique, aucune législation n’a été mise en place pour protéger la nature ou lutter contre le changement climatique

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Soulignons en outre que ce gouvernement auquel nous avons succédé était opposé à l’Union européenne (UE), alors que l’UE – et c’est particulièrement vrai aujourd’hui – est l’une des garantes de la paix dans notre région.

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Les populistes ont complètement démoli la justice, en tentant d’écarter les vieux juges qui n’étaient pas sur leur ligne politique, et en plaçant à de hauts postes des personnes qui n’étaient pas suffisamment qualifiées.

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